L'état de grâce du "body horror"

La rédaction - - Fictions - 14 commentaires


Jadis, le "body horror" était un sous-genre des films d'horreur, méprisé par la critique, presque maudit. Et voici, presque coup sur coup, que Titane, de Julia Ducournau, décroche la palme d'or à Cannes en 2021, tandis que The Substance, de Coralie Fargeat, remporte le prix du scénario dans le même festival en 2024. Leur point commun ? Ce ne sont pas seulement des exhibitions de viandes sanguinolentes, de corps martyrisés, et de fluides corporels en tous genres - aspect le plus "visible" de ces films pour les non-connaisseurs. Mais des films qui défendent un propos politique ou sociétal très fort, clairement féministe (une dénonciation de la dictature de la beauté et de la jeunesse, pour The Substance) ou plus multiple et incernable (dans le cas de Titane, histoire d'une femme métissée de métal, et éloge du franchissement des limites de genres...en tous genres). 

Pourtant, à son époque (1986), La mouche  de David Cronenberg, modèle du genre, pouvait aussi être lu comme une métaphore de l'épidémie de SIDA, même si...aucune critique ne l'avait relevé à l'époque. Pourquoi donc cette spectaculaire irruption dans le champ du cinéma "légitime", digne de critiques élogieuses, et de savantes controverses ? Parce que ces films bénéficient d'un meilleur marketing ? Parce qu'un public renouvelé est aujourd'hui prêt à les voir ? Ou parce que des femmes cinéastes se sont emparées du genre, le délivrant du soupçon d'obéir à des pulsions sadiques de leurs réalisateurs, et de chercher les mêmes chez les spectateurs ? Questions passionnantes pour nos deux post-popeurs du jour, Mélanie Boissoneau et Rafik Djoumi.

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