Johann Chapoutot, le nazisme, et les "irresponsables" de l'extrême-centre
La rédaction - - Pédagogie & éducation - 94 commentairesTélécharger la video
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Les ressemblances sont impressionnantes. Des politiques d'austérité ; un article de la constitution (le 48.2 !) qui permet au gouvernement de gouverner sans vote de l'Assemblée ; la concentration du pouvoir entre les mains d'un président "pas exagérément intelligent, mais orgueilleux et buté"
; le refus présidentiel de tenir compte du résultat des élections ; Une perméabilité de "l'extrême-centre"
aux thèses de l'extrême-droite ; et surtout, un magnat des médias, propriétaire de nombreux journaux, et de maisons de production cinématographique, qui lance des campagnes politiques, met des faits-divers à la Une, place ses journaux au service de son propre agenda politique !
Oui, les ressemblances de l'Allemagne d'avant la prise de pouvoir de Hitler, en 1933, avec la France de 2025, sont si impressionnantes, que l'on soupçonne Johann Chapoutot, auteur de "Les irresponsables, Qui a porté Hitler au pouvoir ?"
(Gallimard) de les avoir malicieusement recherchées, voire d'avoir forcé le trait, pour les besoins d'une démonstration établie à l'avance.
Pas du tout ! réplique l'historien du nazisme, qui admet avoir été lui-même surpris du parallélisme entre son terrain d'étude et l'actualité française, européenne, et américaine la plus brûlante, de Le Pen à Trump. Ce parallélisme est en tous cas implacable. Et le livre prend ainsi place dans l'ensemble de l'oeuvre de l'historien, qui tend à replacer le phénomène nazi, avec ses racines (le colonialisme), et sa postérité (dont, par exemple, le management moderne) dans le continuum de l'histoire de l'Europe et de l'Occident, décoiffant au passage quelques idées sur le nazisme, que l'on croyait pourtant solidement établies. Quitte à risquer d'en atténuer la monstrueuse singularité génocidaire ? Le débat est ouvert !
Mise à jour, 13 mars : le jeudi 13 mars, au lendemain du tournage et de la mise en ligne de notre émission, paraissait dans L'Obs
un long article sur "Les irresponsables",
faisant ainsi mentir le constat dressé sur le plateau, la veille, du silence entretenu autour du livre par plusieurs journaux importants.