Macron et les médias : "Il y a aujourd'hui une surprudence des journalistes"
La rédaction - - Médias traditionnels - 126 commentairesTélécharger la video
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L'élection d'Emmanuel Macron a-t-elle été fabriquée de toutes pièces par les médias et le président Macron contrôle-t-il ces mêmes médias? Nous recevons deux invités très autorisés : Marc Endeweld, journaliste indépendant, auteur de "L’ambigu Monsieur Macron", et "Le grand manipulateur"; Eric Stemmelen, ancien directeur des programmes de France 2 et auteur d'"Opération Macron".
éloges, erreurs et mensonges
2014. Emmanuel Macron devient ministre de l'Economie. Les médias, qui n'ont pas de mots assez élogieux pour présenter aux Français ce "Mozart de la finance",
glissent quelques erreurs dans sa biographie, qu'Eric Stemmelen s'emploie à compiler pour son livre. Ce dernier sera finalement publié en Belgique par les éditions du Cerisier après avoir été refusé par de nombreuses maisons en France. Ainsi, contrairement à ce qui est répété en boucle, Macron n'a par exemple jamais été"l'assistant du philosophe Paul Ricœur".
Quant à sa femme, Brigitte, elle n'est pas exactement "de 20 ans son aînée, mais 25".
Il avait également été dit qu'il avait fait la prestigieuse "Normale Sup", alors qu'il"a raté trois fois le concours"
, ajoute Marc Endeweld. Simples erreurs ou "avalanche de mensonges"
? Ce qui est sûr, c'est que Macron réfléchit à la fabrique de son image dès 2012-2013, explique Marc Endeweld, alors qu'il est encore secrétaire général adjoint à l'Elysée et qu'il organise des réunions secrètes "dans le dos de François Hollande"
pour réfléchir à accroître sa visibilité et sa popularité, en vue de la prochaine élection.
"le candidat des médias"?
S'il y a une "opération Macron", quand commence-t-elle ? "Avec certitude en septembre 2014, quand il arrive au ministère de l'économie", répond Stemmelen. Pour lui, Niel, Bolloré, Drahi, Lagardère et Arnault, qui achète Le Parisien deux ans avant l'élection, ont tous joué Macron gagnant dès cette période. Endeweld conteste la thèse d'une "opération" de l'ensemble du système médiatique. Si Bernard Arnault achète Le Parisien, c'est avant tout pour faire valoir ses intérêts industriels, estime-t-il. Il ne pense pas à Macron mais "à la mairie de Paris, où il a une partie de ses activités commerciales", et à l'époque, "son candidat favori, c'est Alain Juppé." L'abondance d'articles flatteurs entre 2012 et 2014 sur Macron s'explique par le fait que les journalistes politiques cherchent à "s'attirer les bonnes grâces des collaborateurs" pour "se brancher sur une source officielle" et "avoir des infos". Les choses sont également plus complexes du côté de la stratégie médiatique de Macron : contrairement à François Hollande, il "n'a pas visé les journalistes politiques mais les propriétaires des médias", explique Endeweld. Or ils n'ont pas tous exactement les mêmes intérêts ni les mêmes relations avec Macron. Exemple : quand le ministre de l'économie "
défendait les quatre licences de téléphonie mobile"
, cela allait"dans le sens de Drahi comme de Niel, mais contre les intérêts de Bouygues."
xavier niel et Sibyle Veil, alliés de l'élysée?
Et aujourd'hui, quelles sont les relations du président Macron avec les médias ? Les rapports de l'Élysée avec Niel et Drahi se sont fortement tendus à cause de questions entourant la 5G, souligne Endeweld. Ce qui pourrait en partie expliquer le fait que, face à l'arrivée tonitruante de l'oligarque tchèque Daniel Kretinsky dans le capital de plusieurs médias français, dont Le Monde de Niel, l'État s'avère "extrêmement passif, voire complaisant"...
Nommée à la tête de Radio France, Sibyle Veil n'est pas seulement une ancienne camarade de promo de Macron. "Son mari, Sébastien Veil, a été l'une des têtes pensantes du groupe culture de la campagne de Macron", ajoute Endeweld. Et ce n'est pas tout. L'oncle de ce Sébastien, Jean, fils de Simone Veil, est avocat du groupe Aéroports de Paris. Une information qui n'est pas anodine quand on sait que Radio France a refusé de diffuser des spots sur le référendum sur la privatisation...
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