Idées de gauche à la télé : "On a l'impression qu'il n'y a plus de limites"
La rédaction - - Médias traditionnels - 70 commentairesTélécharger la video
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Comment tenir bon quand le débat atteint des niveaux de violence extrême ? Depuis la dissolution de l'Assemblée nationale, une seule question semble occuper les médias : que choisir entre le RN et le Nouveau front populaire ? Deux axes dans le débat : renvoyer "les extrêmes" - comprendre le Nouveau front populaire et le Rassemblement national - et leur projet de société dos à dos. Agiter la peur habituelle d'un effondrement économique : les patrons et la finance ont peur, le pays court à la ruine. Parfois même, les questions sociétales et économiques se mêlent, parce que quelques invités ont le bon sens de rappeler que tout est lié, et que les chiffres ne sont pas que des chiffres.
Pour en discuter, nous recevons trois invité·es qui ont l'habitude de ferrailler sur les plateaux, et d'aller porter des idées différentes au cœur du système médiatique : Nora Hamadi, journaliste, productrice pour France Culture et chroniqueuse sur BFMTV ; Michaël Zemmour, économiste, professeur à l'université Lyon 2 ; Jonathan Bouchet-Petersen, journaliste chez Libération.
Radicalisation des débats
Sur le plateau de C ce soir, Jonathan Bouchet-Petersen était face à Thierry Keller, cofondateur du magazine Usbek et Rica, qui n'a pas hésité à fustiger les "nazis de gauche", faisant monter la tension d'un cran, et rendant impossible tout débat apaisé : "On a l'impression qu'il n'y a plus de limites, et plus de bon sens dans la façon de qualifier les choses. [...] Ce qui est un peu agaçant, c'est qu'il y a un camp politique, la gauche NFP, la gauche spécifiquement LFI, qui est en permanence renvoyée à sa façon de faire de la politique, sa façon d'alimenter le débat public, par des gens qui sont encore plus outranciers."
De l'importance du dispositif
Comment bien choisir les plateaux où l'on se rend ? Michaël Zemmour, qui a émergé médiatiquement au moment de la réforme des retraites, se retrouve parfois piégé : "Je me suis habitué à demander quelles sont les conditions de l'émission, et très souvent, c'est pas respecté." Invité sur France Inter pour discuter d'un texte de l'essayiste Jérôme Fourquet, l'économiste s'est retrouvé face au journaliste de l'Opinion Nicolas Beytout sans avoir été prévenu : "Il a passé les dix minutes qu'on avait de discussion à m'injurier, poliment, mais à m'injurier quand même. On n'a pas discuté de ce dont on devait discuter. Personne n'a rien compris."
"Un échec consternant"
Peut-on encore faire passer des idées sur les plateaux télé ? Oui, mais pas toujours, note Jonathan Bouchet-Petersen : "Quand on va participer à des émissions, on a un certain nombre de choses qu'on veut mettre sur la table. Et quand on fait le constat, une fois qu'on se retrouve sur le trottoir, qu'est-ce que j'ai réussi à dire, par rapport à ce que j'avais prévu de dire ? C'est un échec consternant." La faute aussi aux chaînes, qui changent le programme en permanence, note Nora Hamadi : "Une fois sur deux, on a beau vous donner un cadre de ce qui va se dire, et vous avez beau préparer à 17 h, vous arrivez en plateau à 22 h, et tout a valsé."
Partir ou rester ?
Opposée à Charles Consigny sur le plateau de BFMTV, Nora Hamadi est ressortie en colère d'un échange virulent avec l'avocat. Et a failli quitter le plateau : "Ça interroge le dispositif. À ce moment-là, et je le dis à la rédaction en chef, j'ai failli quitter le plateau. Parce que dans un moment comme celui qu'on traverse, ne pas être capable de contenir les chroniqueurs en plateau, ne pas être capable de tenir l'antenne, c'est problématique."
Pour aller plus loin
- Les chroniques de Jonathan Bouchet-Petersen sur le site de Libération.
- L'émission de Nora Hamadi sur France Culture, Sous les radars.
- Les publications de Michaël Zemmour.
- Notre dossier sur l'ascension médiatique du RN.