François Molins : "La plus grande menace de notre pays, c'est celle de l'extrême droite"

La rédaction - - Médias traditionnels - 42 commentaires


Notre invité n'était jamais venu sur notre plateau. Une grande première donc. Pendant des années, nous ne l'avons connu que derrière un pupitre très formel, très protocolaire, celui de procureur de la République de Paris, notamment après les attentats. Aujourd'hui, il est à la retraite, désormais procureur général honoraire près la Cour de cassation. Nous avions envie de l'entendre sur la relation de la justice avec les médias, sur le récit médiatique autour des affaires de justice devenu matière première de nombre de programmes audiovisuels et recueillir son avis sur la situation politique actuelle. Pour la première fois, François Molins accepte de confier son inquiétude à une semaine du premier tour des élections législatives anticipées.

Émission enregistrée le 20 juin 2024.

"Je suis très inquiet pour les valeurs auxquelles je crois"

François Molins ne s'était encore jamais exprimé sur la situation politique depuis la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron. Devant le danger qui guette, il alerte, sans hésitation, sur le danger de l'extrême droite. "La situation politique d'aujourd'hui est dangereuse. Je suis très inquiet pour les valeurs auxquelles je crois, des valeurs de solidarité, de partage, de dialogue, de justice, de paix, de respect de la dignité des gens. Le respect et la dignité, ça ne se module pas suivant la nationalité, suivant qu'on est français ou pas, suivant la couleur de la peau [...]. Moi, à titre personnel, je trouve que la plus grande menace dans notre pays c'est la menace de l'extrême droite".

"Je souhaite un jour à Cyril Hanouna de siéger dans un jury populaire"

Nous avions envie d'entendre François Molins sur la manière dont un programme comme Touche Pas à Mon Poste, sur C8, racontait la justice à travers notamment un nombre édifiant de faits divers, critiquant systématiquement le laxisme supposé des juges, la faiblesse des peines prononcées, allant jusqu'à réclamer une justice expéditive voire même vanter les mérites de la torture en Russie. "Je souhaite un jour à Cyril Hanouna, que je ne connais pas, de figurer sur une liste de cour d'assises et de siéger un jour dans un jury populaire. Il mesurera davantage la difficulté de juger et d'apprécier la justesse et la pertinence d'une peine [...]. La justice n'a jamais été aussi sévère en France. Nous n'avons jamais eu autant de monde en prison".

Droit de la presse et confidentialité de l'enquête

François Molins est connu pour ses traditionnelles conférences de presse durant les périodes d'attentat en qualité de procureur de la République de Paris en charge des affaires de terrorisme. Une manière de communiquer à destination des Français qui porte désormais un nom : la méthode Molins. Une méthode qui laisse peu de place aux questions des journalistes et interroge sur la liberté d'informer. "Non pas du tout, estime François Molins. Vous êtes dans une optique où il faut concilier des principes très contradictoires. On n'a pas besoin de tout savoir tout de suite et des choses doivent être protégées comme la confidentialité de l'enquête. Les journalistes n'ont pas besoin de tout savoir immédiatement".

pOUR ALLER PLUS LOIN 

- Le livre de François Molins, Au nom du peuple français : 46 ans au service de la justice,  éditions Flammarion, février 2024.

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