Coraux : derrière la crise politique, l'alerte planétaire ignorée
La rédaction - - 24 commentaires
Un sujet d'actualité semblait s'imposer cette semaine, à en juger par son importance dans l'espace public : la nomination du gouvernement Lecornu II, et les différentes motions de censure déposées à l'Assemblée nationale. Mais que dire d'intéressant de ce brouhaha médiatique ? Quelle valeur ajoutée apporter, sans souligner, une fois de plus, les traditionnels écueils du journalisme politique à la télévision ? Face à ce tableau, Arrêt sur images a choisi de mener son rôle de critique média en comblant le vide télévisuel autour d'un autre sujet, qui nous a semblé bien plus important.
Ce sujet, c'est la publication d'un rapport signé par 160 scientifiques internationaux - le Global Tipping Points Report 2025, (Rapport sur les points de bascule mondiaux 2025) publié le 13 octobre - qui conclut que nous avons dépassé le premier point de bascule climatique mondial. Il concerne les récifs coralliens, qui sont en état de décrépitude absolue. Malgré le consensus scientifique, malgré la robustesse des conclusions, malgré l'ampleur des enjeux, l'état des océans n'a fait l'objet que d'un seul sujet télévisuel cette semaine, d'après notre recension, sur France 2.
Il nous a semblé important de donner les informations qui manquaient. Et poser les questions d'éthique passionnantes qui régissent les relations entre sciences et journalisme. Faut-il sacrifier une part d'exhaustivité scientifique pour passer l'alerte ? Les rédactions doivent-elles se saisir des outils de communication mis en place par le monde académique, pour aider à comprendre l'urgence, ou s'en méfier ? S'émerveiller des océans et des coraux, est-ce encore pertinent ? Et à l'inverse, imaginer un futur apocalyptique est-il juste et utile ?
Pour répondre à ces questions, en plateau : Hortense Chauvin, journaliste chargée des océans à Reporterre ; Didier Swingedouw, directeur de recherche au CNRS, expert en circulation océanique, et co-rédacteur du rapport Tipping Points, mais aussi Freddy Bouchet, directeur de laboratoire au CNRS et à l’ENS, spécialiste de Météorologie Dynamique, l'un des rares spécialistes français des "tipping points" (et pourtant critique du rapport) et Frédéric Le Manach, directeur scientifique de l'association BLOOM, qui lutte contre la destruction de l'océan.