[Avent 2021] Présidentielle 2017 : Poutou casse les codes

La rédaction - - Médias traditionnels - 283 commentaires

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Souvenez-vous : "Nous n'avons pas d'immunité ouvrière !" Pendant le débat rassemblant les onze candidats à la présidentielle de 2017, la phrase de Philippe Poutou (NPA) face aux affaires accablant Marine Le Pen et François Fillon avait fait mouche. Mais l'éditocratie avait détesté. Deux jours après, Poutou était sur notre plateau. Notre 18e chocolat de l'Avent 2021.

6 avril 2017. On est à deux semaines du premier tour. La campagne va déboucher sur une dislocation du paysage politique français, avec la victoire d'Emmanuel Macron et la chute du Parti socialiste. Sur notre plateau, Philippe Poutou, candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) à l'élection présidentielle, et Julien Salingue, membre de la direction de campagne de Philippe Poutou. Pourquoi ? Parce que lors d'une séquence d'anthologie sur BFMTV, pendant le débat qui rassemblait les onze candidats deux jours avant notre émission, il a lancé à Marine Le Pen, à propos de son refus de répondre aux convocations des juges: "Le FN se dit anti-système mais se protège grâce aux lois du système avec son immunité parlementaire [...]. Nous, quand on est convoqué par la police, nous n'avons pas d'immunité ouvrière, on y va." Ce faisant , il a suscité l'effroi et la réprobation de l'éditocratie française. Jusqu'à quel point un candidat révolutionnaire doit-il respecter les usages médiatiques en vigueur dans une présidentielle ? Que révèle la forme à propos du fond des propositions d'un candidat ? 

La salve

Le débat à 11 est commencé depuis plus d'une heure quand Poutou lâche sa salve contre Fillon et Le Pen. Une salve qu'il assume "complètement". Pendant le débat de TF1 à cinq, les affaires des deux candidats n'avaient quasiment pas été évoquées. "Il y avait plein de gens qui attendaient ça", raconte Poutou. La tirade sur Fillon et Le Pen n'avait pas été répétée. "On s'était dit que dans l'ordre, si on pouvait interpeller des gens, ce serait Le Pen, Fillon et Macron", explique Salingue.

Poutou est devenu un "meme", avec les nombreuses fois où il s'est retourné vers ses soutiens. Autre image marquante : il a refusé de faire la photo de famille. Poser avec Mélenchon ou Hamon, pourquoi pas. Mais pas avec tous. "Ça me fait mal de voir Nathalie Arthaud à côté de Marine Le Pen", explique-t-il. Et serrer la main ? Là aussi, pas avec tout le monde. "Macron a tendu, j'ai dit non, gentiment". Sur le fond, attaquer Le Pen sur son utilisation du "système", "ça a tapé juste", dit Salingue.

Mépris social

Sur BFMTV, Anna Cabana et Bruno Jeudy n'ont pas aimé Poutou. "Indignité", "irrespect"... Christophe Barbier l'a jugé "dangereux". Sur les réseaux sociaux, les mots durs des éditorialistes ont agi comme un repoussoir. "Ils démontrent à quel point le mépris social est omniprésent", analyse Salingue. La pression de l'image reste forte : comment s'habiller, comment parler ? Comment ne pas se laisser enfermer dans le rôle de "l'ouvrier de service", comme il avait été traité chez Ruquier en 2011, pour son premier passage dans On n'est pas couché, sur France 2 ?

Les passages de Poutou chez Ruquier ont toujours été émaillés de fou rires, comme celui de Vanessa Burggraf, ou de mépris agressif, comme celui de Yann Moix. "La révélation du décalage social, c'est important", note Poutou. Autre "petit" candidat, Dupont-Aignan a fait parler de lui en quittant le JT de TF1. Poutou, lui, préfère rester sur les plateaux. Les rapports avec les médias sont différents de l'époque de Besancenot. "Philippe, [les médias] sont sympas avec lui, parce qu'ils le considèrent comme étant inférieur", dénonce Salingue. "Quand il ouvre sa gueule, là, ils l'aiment plus".


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