BFMTV, et le malotru Hamon

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 142 commentaires

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"ll va devoir rassembler les socialistes" répète Ruth Elkrief, anticipant sur BFMTV l'annonce officielle de la victoire de Benoît Hamon. Traduisons : Hamon va devoir reprendre une bonne dose des propositions du vaincu Valls. Remiser son revenu universel. "Assumer le bilan du quinquennat" ose même le maire vallsiste d'Evry, en direct du QG du vaincu. Ah non. Là c'est trop. En plateau, même Hervé Gattegno se rebiffe. C'est vrai, ça va finir par se voir. Donc, Hamon va-t-il y parvenir ? Va-t-il être assez vallsiste pour entraver l'exode des vallsistes chez Macron ? Notons que l'injonction médiatique à Hamon pourrait être exactement l'inverse. "Va-t-il parvenir à résister à la pression de la droite du parti, et tenir bon sur les propositions sur lesquelles il a été élu ?" Sur le papier, oui, ça pourrait.

Mais non. BFM ne serait pas BFM. Et côté rassemblement, il faut dire que ça commence mal : Hamon lance son allocution à 21 heures précises, alors que Valls n'a pas terminé la sienne. Interminables instants, où BFM partage son écran en deux, hésitant entre la fin du discours du sortant, et le début de celui du vainqueur. Insoutenable suspense : la chaîne va-t-elle parvenir à s'arracher à la rassurante orbite de la légitimitré vallsienne ? Mais oui. Arrimage réussi à Hamon, lequel ne perd pourtant rien pour attendre. "Lamentable" juge Thierry Arnaud, le chef du service politique (toujours le plus raisonnable, pourtant, de la Sainte Famille de l'Omniprésence Cabana-Gattegno-Brunet-Elkrief). Heureusement, quelques minutes plus tard, continuant de mener l'enquête, BFMTV assure que l'entourage du malotru parle d'une "énorme erreur". Il s'excuse. Il ne savait pas que Valls n'avait pas terminé. OK. Va pour la présomption d'innocence. Mais ne récidivez pas, Hamon, ou BFM vous fait sauter le sursis.

Elle a eu une longue journée, Ruth Elkrief. L'après-midi, elle était de corvée meublage au meeting de Fillon. Et rudement ébranlée dans sa féminitude : "En tant que femme, je ressens une forme de solidarité avec Penelope Fillon, qui n'a pas demandé à se retrouver au milieu de cette tempête". C'est factuellement vrai. Pas davantage que le cambrioleur n'a demandé à se retrouver au commissariat. C'était une conclusion baroque de la défense médiatique des Fillon, déployée tout le week-end, notamment sur les chaînes Bolloré, par la voix de Giesbert chez Ardisson (Giesbert, époux de l'actuelle directrice de la Revue des deux mondes, Valérie Toranian), ou de la censure de l'affaire le premier matin sur iTélé (on le racontait ici). La même Elkrief, quelques jours plus tôt, jugeait "extrêmement discutable" que certaines femmes choisissent librement de porter le voile. Penelope, femmes voilées : victimes, forcément victimes. Il faut prévenir d'urgence Océanrosemarie : une féministe de choc a réussi à s'incruster sur le plateau de BFM. Au nom des femmes, qu'attend donc ce macho de Hamon, pour voler au secours de Penelope ?

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