Le Point attaque @si pour injure publique (si si)
Daniel Schneidermann - - La vie du site - 104 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Ce pourrait être une blague. D'ailleurs j'ai cru à une blague. Mais cela semble tout à fait sérieux : Le Point
nous attaque pour injure publique.
En début de semaine, nous avons reçu en document attaché cette aimable réquisition, dans laquelle Alain Korkos et moi-même sommes sollicités de donner tous nos renseignements d'état-civil (date et lieu de naissance, identité des parents, etc).
Pourquoi Alain ? Parce que M. Etienne Gernelle, directeur de l’hebdomadaire, attaque pour injure publique cette chronique d'Alain Korkos, "Les Arabes : aux origines de la couverture du Point", parue au printemps dernier.
Etienne Gernelle attaque aussi le tweet que nous avions fait après publication de cette chronique, et que voici :
Quel honneur ! On pouvait penser que le puissant hebdomadaire de M. Pinault se contrefichait de notre petit site, comme l'éléphant du moustique. On découvre donc que le moustique agace l'éléphant. C'est un hommage.
Je ne vais pas ici justifier la chronique d'Alain. Si cet extravagant procès devait aller à son terme, nous expliquerions au tribunal (et à M. Gernelle, qui semble l'ignorer), en quoi consiste la liberté de chroniquer, dans la presse française.
Nous expliquerions aussi dans quel contexte se situe la chronique incriminée. A savoir une campagne constante, acharnée, de l'hebdomadaire en question, contre les Arabes, les Musulmans, l'Islam. Certes pas l'Islam en général, objectera Le Point. Mais la question, toute la question, sera de savoir si la constance ne finit pas par généraliser l'attaque.
M. Gernelle, la liberté d'expression, et nous
Je ne doute absolument pas de la sincérité des engagements de M. Gernelle en faveur de la liberté d'expression (qu'il a d'ailleurs invoquée pour justifier la publication en couverture du Point de la photo du policier assassiné le 7 janvier). D'ailleurs, en dépit des rumeurs, M. Gernelle a maintenu dans les colonnes de son hebdomadaire la chronique de Philippe Tesson, lequel avait affirmé sur Europe 1 que "ce sont les Musulmans qui amènent la merde en France aujourd'hui". Et il a eu raison. Tesson a le droit de dire ce qu'il veut, aussi longtemps que la Justice l'y autorise. Et pour l'instant, la Justice semble ne pas y avoir trouvé à redire.
Nous aussi, nous sommes en faveur de la liberté d'expression. Totalement. Celle du Point, d'estimer, même implicitement, que l'Islam conduit au terrorisme. Mais cette liberté du Point a un corollaire : la nôtre, de dire ce que nous en pensons. Et l'an prochain comme l'an dernier, en dépit des intimidations de M. Gernelle, nous comptons bien continuer.
Mise à jour, 24/12/15, 13h20 : @si est poursuivi pour "injure publique", et non diffamation, comme nous l'écrivions dans une première version de cette chronique (sur la différence entre les deux, voir par ici).