Vive Macron !

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 106 commentaires

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Je vais vous étonner : on respire mieux. Mais oui, on respire mieux.

On sait où on va. Vers la hausse de la TVA, l'ouverture des magasins le dimanche, le détricotage de la loi Duflot sur le logement, l'idylle avec le MEDEF et les agences immobilières. Vers le reniement total, implacable, décomplexé. Les choses sont claires, dites, posées sur la table. Exit les leurres de gauche (ne restent que Taubira, mais pour combien de temps, et le prénom marocain d'un des jumeaux de Najat Valaud-Belkacem, sur qui va faire feu la droite obtuse). Intellectuellement, c'est beaucoup plus reposant.

Vive Emmanuel Macron ! En quelques secondes, hier soir, la France s'est divisée en deux : macronolâtres, contre macronophobes. Tout le monde connait désormais le nouveau ministre de l'Economie Emmanuel Macron. Tout le monde a un avis sur Macron, ses 36 ans, et ses zigzags du secrétariat du philosophe Paul Ricoeur à la banque Rothschild, en passant par on ne sait plus quelle commission Attali sur les taxis.

Principal titre d'infâmie (ou de gloire) de Macron, donc, son passage par la banque Rothschild, où il a notamment piloté le rachat par Nestlé de la branche nutrition infantile de Pfizer (neuf milliards d'euros, dont il a touché une partie, personne ne sait combien, mais "assez pour être à l'abri du besoin jusqu'à la fin de ses jours"). C'était en 2012 (avant l'élection). Ce fut une colossale bataille de multinationales, Nestlé l'ayant finalement emporté face à Danone (l'article le plus complet est ici). Derrière la bagarre, le marché des aliments pour nourrissons en Chine et en Inde. Les femmes chinoises et indiennes étant de plus en plus nombreuses à travailler, elles se tournent de plus en plus vers les laits maternisés plutôt que vers l'allaitement, ce qui fait du marché de la nutrition infantile un fantastique "réservoir de croissance", comme on dit. Chiche que les storytellers vont bientôt nous vendre le deal Macron comme une glorieuse contribution à l'émancipation des femmes des pays émergents (et expliquer que c'est en cela qu'il est de gauche). La question, ce n'est pas Macron. Macron appliquera la politique de Hollande et Valls, c'est à dire celle de Merkel, qui semble avoir désormais renoncé à se faire passer pour celle de la France.

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