Médecins : transparence homéopathique
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 28 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Alleluia ! Tout, tout, tout, nous saurons tout sur les liens entre médecins et labos.
Pujadas exulte. Plus jamais le scandale du Mediator, et ses médecins dans la main de Servier ("Faut-il y voir une coïncidence ?" se demande Pujadas avec sagacité). Plus jamais le scandale des pilules 3G et 4G (voir notre émission). Invitations à des congrès balnéaires, communications grassement payées, financement de travaux de recherches, toutes ces sucreries par lesquelles les labos tiennent les médecins, seront désormais rendues publiques. Et à partir d'un montant de dix euros. Attention, la chasse aux croissants est ouverte. Selon sa bonne habitude, France 2 est allée voir deux médecins. Un qui en croque, un qui n'en croque pas. L'heure étant à la vertu, c'est le docteur Kenkrokpas, qui parle le premier, dénonçant les pernicieuses tentatives d'approche des labos. Derrière lui, le professeur Kenkrok apparait dans toute sa vilénie mandarinale.
A propos, où seront donc publiées ces informations ?"Sur Internet", explique France 2. Mais encore ? Sur un site unique, piloté par le ministère de la Santé, précise Le Point. Très bien. Parfait. C'est donc l'Etat, qui protégera l'intérêt des malades. Enfin, pas tout de suite. Il va falloir le construire, ce site. Et en attendant, ce sont les conseils de l'ordre, et les sites des labos concernés, qui hébergeront ces informations sensibles.
Avec de sages précautions. Ami télespectateur, attention : on entre ici à un niveau de détail inaccessible à France 2. Car les montants de ces contrats de recherche ne seront pas publiés. On ne connaitra que leurs intitulés, "qui ne seront pas forcément très informatifs", redoutent les mauvais esprits du Figaro. Bon. C'est déjà un progrès. Dont il faudra profiter très vite. Car ces bouleversantes révélations ne seront accessibles que pendant cinq ans. Parfait. Et après ? Elles seront conservées, au secret, pendant dix ans. Puis, passées à la broyeuse, sans doute. Enfin, comme on n'est jamais trop prudent, précise le site PCinpact, ces informations ne seront pas accessibles par les moteurs de recherche. Elles seront "déréférencées". C'est la CNIL qui l'a demandé. Pourquoi ? Comment ? Google a-t-il donné son accord à ce déréférencement ? On verra plus tard. S'agissant d'informations si pointues et si confidentielles, on comprend ce luxe de précautions. Des fois qu'une puissance étrangère s'en empare...