"Après l'Empire ? Toujours l'Empire" [Avent2020]

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Obama, Chine, "hollandisme révolutionnaire" : Todd parle


Quel est le point commun entre la réélection du président des Etats-Unis, l'élection d'un nouveau président chinois et la conversion apparente du gouvernement français à la compétitivité économique? Ces trois événements se sont déroulés la même semaine. Peut-être un autre point commun : en dépit de leur hyper médiatisation, ces trois événements conservent une part d'opacité, d'illisibilité et de mystère. Pour tenter d'y voir un peu plus clair, nous avons invité notre prophète favori, Emmanuel Todd, historien, démographe, auteur de "Après l'empire", publié en 2002.

Daniel Schneidermann raconte ici la genèse de l'émission :

Pourquoi Emmanuel Todd ? Très simple. Les trois sujets de cette semaine (ré-élection d'Obama, congrès du PC chinois, et rapport Gallois sur la compétitivité) semblaient taillés sur mesure pour notre démographe-historien-prophète préféré. Obama, parce que Todd prédit depuis dix ans le déclin de l'hyper-puissance américaine. Maintient-il cette prévision ? La Chine, parce qu'il a un point de vue toujours décalé sur les pays émergents.

A la vérité, ces deux premiers sujets l'intéressent davantage que le troisième. "Le rapport Gallois, je m'en tiens à distance, je n'ai pas envie de le lire" répond-il quand je l'appelle pour l'inviter. Mais justement. Nous, on aimerait bien entendre le héraut du "hollandisme révolutionnaire", sur le ralliement du gouvernement socialiste à ce rapport patronal.

On ne sera pas déçu. Oui, la ré-élection d'Obama est importante. Et il explique pourquoi l'Amérique, désormais, à ses yeux, a des chances de s'en tirer, même si, contrairement à ce que rabâche un certain discours médiatique, ce n'est pas grâce à l'exploitation des gaz de schiste. Et d'autant plus de chances que l'Europe a laissé passer son tour.

En Chine ? Non, le pouvoir chinois n'est pas forcément aussi stable qu'on le pense. En examinant les taux de croissance ou d'investissement, des fissures se révèlent dans le modèle chinois.

C'est sur le rapport Gallois, que la discussion est la plus chaude sur le plateau. Il faut dire que le ralliement enthousiaste de Arnaud Montebourg à ce rapport patronal ne laisse pas de m'interroger, comme on dit (avant l'élection, Todd a préfacé un livre de Montebourg). Eh bien, tout en estimant que ce rapport ne réglera rien (seuls un éclatement de l'euro, et une dévaluation, seraient à ses yeux à la hauteur), Todd y trouve tout de même quelques avantages. Et il y entend le chant du cygne d'une certaine exigence patronale. Oui, il faut toujours écouter Todd avec attention, à la fois pour ce qu'il connaît, et pour ce qu'il pressent.

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