Lola Lafon et la tempête qui s'annonce, d@ns le texte [Avent 2020]
La rédaction - - 210 commentaires
Croyez-nous ou non: quand nous avons invité Lola Lafon, parce que nous avions adoré son livre Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce (Flammarion), c'était avant le grand déballage post-DSK, et avant que les "Indignados" s'installent sur la Puerta del Sol de Madrid, ou sur la place Syntagma d'Athènes. Mais le résultat est là: ce roman, où s'entrecroisent l'insurrection et la violence sexuelle, résonne aujourd'hui singulièrement avec l'actualité tempêtueuse des deux dernières semaines. Et en écoutant Lola Lafon évoquer l'indicible souffrance des victimes de violences sexuelles, ou manifester d'évidentes réticences à l'égard des Indignados ("je me méfie des mouvements insurrectionnels glorifiés par la presse conventionnelle. Faut pas se raconter d'histoires. A un moment, il faut détruire des choses"), on ne peut pas ne pas avoir en tête les images des derniers jours.
Mais le conte moderne de Lafon n'est pas seulement, comme tous les grands romans, une mise en reflet du monde (en l'occurence, de la France du sarkozysme ascendant, régime que Lafon rapproche de celui de Ceaucescu dans sa Roumanie natale, mais sans les bons côtés). C'est aussi...un roman, qui nous parle de la fascinante oppression des corps par la danse classique (pour laquelle l'auteur confesse "un amour coupable"), du courage de regarder la mort en face, et qui nous égare, de chapitre en chapitre, dans un savant dédale de fausses pistes. Lola Lafon se garde pourtant de donner la recette des cocktails molotov, laissant à ses lecteurs le soin d'aller la chercher eux mêmes. DS.
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