35 Heures : déverrouillage, mode d'emploi
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 81 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Qui n'a pas entendu, depuis trois jours, le serrurier Valls proposer de "déverrouiller" les 35 heures ?
Editoriaux, interviews du matin, pages "événement", tout tourne autour du maire socialiste d'Evry, inventeur de cette idée révolutionnaire: pour faire élire un président de gauche, dotons-le résolument d'un programme de droite. Politiquement, c'est inepte, mais médiatiquement, c'est le jackpot. Valls a presque égalé le niveau sonore atteint par lui-même l'an dernier, lorsqu'il avait estimé qu'un des marchés de sa ville ne comportait pas assez de "Whites" et de " blancos".
Les années passent, la recette demeure: pour être certain d'être entendu des journalistes politiques, de forcer le mur de l'indifférence, envoyez un bon coup de pied dans les tibias de votre propre parti. Veillez cependant à utiliser un vocabulaire qui vous situera clairement comme celui qui dit la vérité, dans l'océan des hypocrisies et des faux-semblants. Si le porte-parole officiel du parti réagit comme prévu, en vous sommant de "rentrer dans le droit chemin", de vous conformer à la "ligne officielle", et autres objurgations néo-stalinoïdes, alors c'est coup double. Vous êtes le héros, ils sont fossilisés et ridicules.
Que reste-t-il à Vals, pour tenir le rythme dans les mois qui viennent ? De nombreuses possibilités de propositions iconoclastes. Desserrer le carcan de la retraite à soixante ans (déjà fait). Sortir du politiquement correct sur l'immigration et la délinquance (déjà fait). Il lui faudra donc hausser encore le ton. Faire sauter les blocages mentaux sur la Sécurité sociale pour tous: n'est-il pas temps de responsabiliser les citoyens ? Sortir du dogme sur les congés payés: n'est-il pas temps d'en finir avec cet archaïsme hérité des Années Trente ? Et pour terminer en beauté, pourquoi pas, oser enfin, avec audace, s'attaquer au tabou de la peine de mort ?