Ouf ! La presse sauve la planète.

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 20 commentaires

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56 journaux, dans 45 pays du monde, ont décidé de publier le même éditorial

, exhortant les dirigeants du monde à réussir le sommet de Copenhague."Si nous sommes capables, malgré nos divergences de vues tant nationales que politiques, de nous accorder sur ce qui doit être fait, alors nos dirigeants doivent aussi pouvoir le faire" explique cette "Organisation des Médias Unis" improvisée. Le texte est équilibré comme un communiqué final, ne stigmatise personne, ni les "riches", ni les "pauvres", ni les "émergents", et renvoie tout le monde à sa responsabilité. Première réaction du lecteur : quel dommage, que ne soient pas réunis à Copenhague, au lieu des chefs d'Etat, les 56 directeurs de ces journaux. Le succès serait assuré d'avance.

Cela dit, ces journaux jouent avec le feu. Dans un grand nombre de leurs pays, la presse n'a pas bonne presse. Sur la Toile, des milliers de blogueurs les observent avec méfiance, les soupçonnant de collusion, de défense des vérités officielles, de censure. Afficher ainsi leur unanimisme planétaire, même pour une cause inattaquable, frise la provocation.

Car ce que les lecteurs sont ainsi priés de noter, ce n'est pas que ces journaux écrivent la même chose. Ils pourraient écrire la même chose, sans le dire. Des centaines de journaux par le monde, écrivent tous les jours la même chose sans le dire, quand ils publient par exemple sans les modifier les dépêches des grandes agences mondiales. Mais, soulignant qu'ils écrivent la même chose, ils s'érigent en acteurs, et en modèles. Ils poussent jusqu'à son paroxysme une tentation vieille comme le journalisme : ne pas se contenter d'observer et de rendre compte du réel, mais monter sur scène, et se substituer aux acteurs. C'est une sorte de "pégardo-degoisisme" à l'échelle planétaire. Et c'est dangereux : quand le spectateur monte sur scène, qui va regarder -et critiquer- le spectacle ?

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