Faurecia, sujet futile ?
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 74 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Evidemment, la presse britannique s'y met.
Le Times persifle même que les ministres pourraient avoir été choisis en fonction de leur taille : il est vrai que Kouchner et Borloo pourraient parfaitement passer un casting chez Faurecia. Et même Fillon. Quant à Villepin, les vingt centimètres sacrilèges qui le séparent de l'Hyper ne sont-ils pas la raison profonde de l'aversion de ce dernier ? D'ailleurs, quand Villepin taxe Sarkozy d'avoir une "vision un peu courte", quand il déplore que "la France se trouve rétrécie" en réintégrant le commandement intégré de l'OTAN, ou quand il l'accuse de "peser de tout son poids institutionnel", ne sont-ce pas des messages subliminaux, parfaitement reçus par leur destinataire, et destinés à fouailler la secrète et inavouable blessure ?
Voyant le tsunami médiatique provoqué par le recrutement des "petits ouvriers", on est toujours partagé. Humainement, et professionnellement, ne vaudrait-il pas mieux parler des insolubles contradictions de la taxe carbone, de la hausse chafouine du forfait hospitalier, de la préparation biaisée du sommet de Pittsburg, avec cette mise en scène d'un trio Brown-Sarkozy-Merkel, fondé sur une initiative vide ? Je rejoins Djamila B, notre @sinaute qui nous écrit d'Italie. Pendant que la gauche attaque Berlusconi sur ses frasques, elle ne parle pas d'autre chose. Et à l'arrivée, elle perd les élections. Pendant qu'ici, sur le site, nous glosons sur le complexe de Sarkozy, on ne vous aide pas à y voir plus clair dans les fumigènes gouvernementaux, dont le tir se poursuit à cadence accélérée (quoique désordonnée).
Mais la stupéfaction, la fureur, provoquées par le casting de Faurecia, ne sont pas seulement dirigées vers un objet futile. D'ailleurs, elles se dirigent légitimement au moins autant vers les organisateurs du casting que vers les journalistes français, qui savent et voient, et ne disent rien. S'ils cachent même cela, que peuvent-ils bien cacher d'autre ? se demande-t-on instinctivement. Dès que tu sens gêne, embarras, nervosité, va creuser par là-bas : il y a quelque chose à trouver. C'est un réflexe fondamental que partagent les (bons) journalistes et le public.