Les comprenants du lundi
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 117 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Le plus stupéfiant, dans le vacarme matinal, c'est qu'ils semblent tous comprendre.
Journalistes ou analystes, vainqueurs ou perdants, qu'ils jubilent ou
soient accablés, pas un seul pour marquer simplement son
incompréhension. Pas un seul pour simplement reconnaître : "ah
ben
non, j'avais pas prévu ça. Désolé de ne rien pouvoir dire, mais je ne
comprends rien. Ni le succès (relatif) de l'UMP, ni l'effondrement du
PS et du MoDem, ni le surgissement, dans ces proportions, de
Cohn-Bendit. Donc avant de savoir si les nouvelles sont bonnes ou
mauvaises, ne m'en veuillez pas, je vais simplement tenter de comprendre". Comprendre les résultats d'une élection, si c'est possible, est une tâche surhumaine le lundi. Le lundi est à l'avalanche
de chiffres et de réactions. La parole, la pauvre petite parole de la
rue, qu'ont étouffée pendant la campagne les vacarmes des propagandes,
et le dimanche soir les réactions pré-calibrées, commence en général à
émerger vers le mardi, dans les colonnes des journaux. Quand elle
émerge. |
Ne souhaitant pas rajouter du bruit au bruit, le matinaute ici présent, dût-il être le seul, avoue qu'il n'y comprend pas grand chose, et n'avait évidemment rien prévu. Au moins, une petite explication a posteriori ? La diffusion de Home, le dérapage de Bayrou, la campagne résolument européenne de Cohn-Bendit, l'essouflement d'un certain anti-sarkozysme systématique, l'attrait à l'échelle européenne de partis conservateurs recentrés ? Un diagnostic ? Un indice ? Même pas.
Par réflexe, simplement, tentons de prendre du champ. Géographiquement, en constatant la victoire des partis conservateurs dans tous les pays européens, qu'ils soient au pouvoir ou qu'ils n'y soient pas. Et en regardant vers le passé, souvenirs souvenirs, pour constater que bien des victoires aux Européennes furent des victoires sans lendemain, surtout avec 60 % d'abstention (comme le remarque judicieusement l'ami Birenbaum). C'est tout ? Oui, pour aujourd'hui ce sera tout.