Le boubou qui les rend fous

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 75 commentaires

Télécharger la video

Télécharger la version audio

Prenons un journaliste. Il a réussi sa vie : on ne sait pas s'il a une Rolex, mais

 il est directeur de la rédaction de LCI. Il s'appelle Eric Revel. Chaque semaine, aux côtés d'Aphatie et de Mougeotte, il participe au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, où il s'efforce d'interroger avec équanimité invités de gauche et invités de droite. Une fois, il s'est fait rembarrer par Bayrou, qu'il avait traité avec un dédain trop ostensible. Depuis, il se surveille. Tout va bien. Et tout d'un coup (la fréquentation hebdomadaire de Mougeotte est-elle contagieuse ?) il pète les plombs. Sur son blog, il s'en prend à Royal, et à sa désormais fameuse demande de "pardon" aux Africains, pour le discours de Sarkozy. Les noms d'oiseaux fusent sur le blog : "démagogie", "populisme", "incroyable mauvaise foi".

Branle-bas de combat à la maison TF1. La maison TF1 a une hantise : faire oublier que. Cacher les liens qui. L'amitié que. Surtout, que ça ne se voie pas. Communiqué prenant ses distances à l'égard de "M. Revel": "Ces déclarations ne sauraient engager ni la rédaction de LCI, ni la Direction Générale de l'information du Groupe TF1. [...] La Direction de TF1 va examiner les suites internes à donner à cette affaire."Suppression du billet dudit blog. Revel a oublié le théorème du chef de la télé, qui pourrait se formuler ainsi : les opinions du chef de télé doivent d'autant moins se voir qu'elles sont virulentes. Après une longue période de frustration à TF1, Mougeotte, passé chez Dassault, a le droit (enfin !) d'afficher ses préférences politiques. Pas Revel. C'est une cruelle injustice, mais c'est ainsi.

Entre le franchissement de ligne jaune de Revel, et cet élu UMP au conseil de Paris qui raconte que Royal en boubou lui rappelle sa femme de ménage, Royal déclenche décidément des réactions qui vont au-delà de la polémique politique. Elle met les sarkozystes en rage, comme Mitterrand, dans les années 60, mettait en rage les gaullistes, ou plus récemment, Sarkozy les chiraquiens. Elle les met en rage, parce qu'elle se moque allègrement de la légitimité issue du suffrage universel. Elle dépouille le titulaire du poste de la gangue de solennité amidonnée dont l'habille la constitution de la Ve. Au moins, les éditorialistes du matin, à qui elle fournit en ce moment un sujet quotidien, ne pourront pas continuer à dire que le PS n'est pas "audible".

Lire sur arretsurimages.net.