"La Meute" : Goebbels, Jakubowicz, Mélenchon et... Apolline de Malherbe
Robin Andraca - - Scandales à retardement - Sur le gril - 90 commentaires
"Merci d'être venu là nous accompagner ce soir". Ainsi, ce 8 mai, Apolline de Malherbe conclut l'interview d'Alain Jakubowicz, président d'honneur de la LICRA. Il était invité sur BFMTV pour commenter la sortie du livre enquête La Meute. Une enquête co-écrite par deux journalistes du Monde et Libé, consacré aux méthodes de fonctionnement de la France Insoumise.
Que venait de dire - juste avant qu'Apolline de Malherbe ne le remercie et qu'il soit autorisé à rentrer chez lui - le président d'honneur de la LICRA ? Oh, trois fois rien, juste une petite comparaison entre Jean-Luc Mélenchon et Joseph Goebbels, proche d'Hitler, l'un des plus puissants dirigeants du IIIe Reich. C'est en effet la conclusion que semble inspirer à Jakubowicz ce livre : "Ça raconte l'histoire d'un mouvement fasciste (...). Toutes proportions gardées, je vois un parallèle - je sais que je vais me faire rentrer dedans, mais ce n'est pas grave - entre Mélenchon et Goebbels". Développant même : "L'homme tout puissant que le peuple doit suivre. C'est fascinant et, en même temps, ça fait froid dans le dos".
Ne comptez pas sur Apolline de Malherbe pour lui rentrer dedans. Et c'est peut-être ce qui, en réalité, fait le plus froid dans le dos dans cette séquence : l'absence totale de relance ou de commentaire d'Apolline de Malherbe. Laquelle sait pourtant très bien, même alors qu'une émission se termine et qu'il faut rendre l'antenne, remettre ses invités à leur place quand elle le souhaite. Il y a cinq ans, la journaliste avait ainsi conclu un entretien avec Juan Branco, sans laisser ensuite la possibilité à l'avocat de se défendre : "Plus on vous entend et plus on se demande si Piotr Pavlenski n'est pas juste l'exécutant et vous le manipulateur. Merci d'avoir été avec nous en direct". Émission pour laquelle elle est épinglée par le Conseil de déontologie journalistique.
Mais cette fois-ci, non. Le président d'honneur de la LICRA est simplement remercié, suite à cette comparaison grotesque et honteuse. La journaliste n'aurait-elle pas pu, a minima, insister sur le fait que cette comparaison lui appartenait, à lui et à lui seul ? Comme elle finit d'ailleurs par le faire, plus tard dans la journée sur X, sans être pour autant capable de nommer précisément - dans un premier temps - de qui et quoi elle parle : "Je suis très attachée a la liberté d'expression et à l'indépendance de mes invités. Mais ni BFMTV ni moi même ne pouvons être associés à des comparaisons comme celle qui fut exprimée ce matin en toute fin d'émission, et qui n'engage que son auteur".
La Société des Journalistes (SDJ) de BFM, de son côté, heureusement, semble spontanément plus à l'aise sur le sujet. Reprenant le tweet de l'animatrice, elle écrit : "La Société des Journalistes de BFMTV condamne fermement les propos tenus à l'antenne ce matin par Alain Jakubowicz comparant Jean-Luc Mélenchon à Joseph Goebbels. Rien ne justifie un tel rapprochement avec une figure du nazisme". Il a fallu attendre le lendemain, du côté d'Apolline de Malherbe, pour une mise au point cette fois-ci plus claire de l'animatrice à l'antenne. Mieux vaut tard que jamais.
De leur côté, les Insoumis ont dénoncé avec force - et raison - cette comparaison, et Jean-Luc Mélenchon a annoncé porter plainte contre Alain Jacubowicz pour injure publique. Permettant aussi par la même occasion d'évacuer, au moins le temps d'une après-midi, le contenu du livre (sur lequel nous reviendrons) et les critiques émises à l'égard de Jean-Luc Mélenchon. Lesquelles ont bénéficié d'une réception médiatique qui interroge aussi. Tel est l'état du débat public en France, sur des questions pourtant fondamentales, en 2025. Pauvre public.