Comment on a tenté d'échapper au presque-candidat

Sherlock Com' - - Coups de com' - Plateau télé - 41 commentaires

Oh bah non, ne partez pas tout de suite ! On n'a même pas eu le temps d’écrire son nom ! Dans le cadre de la sortie de son livre, nous avions prévu de scruter à la loupe le plan média de Zemmour : une émission de Ruquier, une interview sur RTL, une autre sur BFMTV, avec en option des passages sur les chaînes de Bolloré (CNews et C8) au cas où tout ça tournerait mal. Du très classique. Sauf que ça ne s’est pas passé comme prévu. Car cette semaine, ce n’était pas un plan média, mais une déferlante. Il était partout, dans chaque émission d’information. Le CSA a demandé qu’on décompte son temps de parole ? Les télés n’ont jamais autant parlé de lui. Logiquement, les sondages ont suivi. Alors, scotchés sur notre canapé, on a tenté de comprendre les ressorts de cette machine médiatique infernale, et on a aussi essayé de lui échapper. Chronique garantie sans aucune citation de ce presque-candidat.

Ils étaient très remontés chez Bolloré cette semaine. La faute au CSA, qui a enfin demandé de décompter le temps de parole de leur éditorialiste vedette. Il était temps...

La faute aussi à Laurent Ruquier et Léa Salamé qui n'ont pas épargné leur ex-collègue lors de sa première interview sur France 2,  samedi 11 septembre, dans On est en direct, pour la publication de son livre.

Quand un membre du clan est sous le feu des critiques, on sort l'artillerie lourde chez Bolloré. C'est CNews qui a dégainé la première. Peu avant 9 h, ce lundi 13 septembre, la chaîne annonce dans un communiqué qu'il ne sera plus à l'antenne dans son émission quotidienne du soir pour se conformer à la décision du CSA de décompter son temps de parole. Et devinez qui débarque deux minutes plus tard chez Pascal Praud pour s'expliquer et faire la promo de son livre ?

Une interview qui n'a pas duré 10 minutes, 20 minutes, voire une demi-heure. Non, celui qui était écarté de l'antenne a eu le droit à 1 h 30. Dans une bonne ambiance.

1 h 30 ! Quelle blague...

Le bandeau de 9 h 20 exagère un peu...

Celui de 9 h 23 n'a pas tout à fait tort...

Bref, c'est long 1 h 30. Mais encore trop court pour le clan Bolloré. À la suite de Pascal Praud, Morandini en a remis une louche en rediffusant les extraits de l'interview fleuve (pour les lève-tard).

Le tout, entrecoupé d'un débat sur les thèmes de prédilection de ce presque-candidat. "Est-ce que ce qu'il dit est faux ? Est-ce que lorsqu'il dit qu'il y a, en Seine-Saint-Denis, 80 % des jeunes qui sont issus de l'immigration, c'est une forme de grand remplacement, c'est ce qu'il dit, est-ce que c'est faux ?", demande très sérieusement Morandini à ses invités.

La suite de la journée sur Cnews est du même ordre...

C'est quoi déjà le titre du livre ?

Son dernier quoi ?

Mais au fait, comment va Christine Kelly, celle qui lui passait les plats tous les soirs sur CNews ? Elle tient le coup, notamment grâce au livre dédicacé par l'intéressé.

Très soutenue par le clan Bolloré, Kelly a terminé sa journée sur l'autre chaîne du groupe, occupée à dézinguer l'émission de Ruquier...

Alors Christine ? "Est-ce que c'était quelqu'un qui comptait pour vous, pour qui vous aviez de l'affection ? Il n'est pas mort bien sûr, mais vous ne serez plus à ses côtés tous les jours ", lui a demandé Hanouna, le psy de C8.

Pas de panique, il est toujours là : 

Bilan de la journée ? Un carton d'audience. Praud a battu son record historique. Hanouna a fini au plus haut depuis la rentrée (avec 1,7 million de téléspectateurs ce soir-là).

Les autres chaînes d'info ont embrayé (sondages à l'appui)

Que le clan Bolloré sorte l'artillerie lourde pour son éditorialiste, rien de très étonnant. Mais la vague a été bien plus forte. Car dès le lendemain, l'éditorialiste privé d'antenne est de nouveau invité. Sur RTL, cette fois-ci. 

Une interview reprise par BFMTV et LCI...

Et le lendemain, c'est chez Bourdin que le presque-candidat a pris son p'tit déj'.

Trois interviews en trois jours. Et la même question à laquelle il refuse de répondre : non, il ne sait pas encore s'il sera candidat.

Mais le véritable enjeu n'est pas là. Le ressort médiatique est bien connu : à chaque chaîne son interview-prétexte, qui pourra être rediffusée en boucle toute la journée. Classique. Mais à cette mécanique infernale s'est ajouté l'autre ingrédient implacable : les sondages.

A force de remuer tout ça, la mayonnaise a fini par monter avec deux sondages commandés par Challenges et BFMTV et diffusés mardi 14 septembre.

Deux sondages (Elabe & Harris interactive), réalisés par internet, au meilleur des moments, entre le 10 et 13 septembre. C'est-à-dire au plus haut de l'exposition médiatique du presque-candidat : juste après la décision du CSA, pendant le week-end de l'émission de Ruquier reprise partout et jusqu'au fameux lundi en continu sur les chaînes du groupe Bolloré. De quoi alimenter les prochains sondages et le goût des prophéties autoréalisatrices : plus il monte, plus on se dit qu'il peut monter.

D'ailleurs, dans le sondage Elabe, tout est très clair : un quart des Français souhaite sa candidature.

Un chiffre répété en boucle sur BFMTV pendant l'émission d'Yves Calvi, baptisée Calvi 3D.

Un quart des Français ! Enfin, un quart, c'est aussi trois quarts qui ne le souhaitent pas...

Et sur le fond ? Que signifie cette percée du presque-candidat dans les sondages ? LCI se pose la question : l'éditorialiste impose-t-il ses thèmes ?

Ses thèmes ? Parmi eux, il y a la question des prénoms. Oui, dans l'émission de Ruquier, l'éditorialiste a affirmé qu'il interdirait la possibilité de donner à son enfant un prénom qui ne figure pas dans le calendrier chrétien. Exit Mohammed, Aziz et les autres. Une provocation assez grossière mais qui finit par se répandre comme une traînée de poudre sur les chaînes d'info, comme si cette question était effectivement un enjeu politique.

La vague médiatique dépasse les seules chaînes d'info

Face à cette déferlante médiatique, le protégé de Bolloré est devenu un sujet incontournable. Même les invités politiques, depuis la décision du CSA et l'émission de Ruquier, n'échappent plus aux questions sur le presque-candidat-dont-tout-le-monde-parle.

On a bien essayé d'échapper à cette déferlante. Mais avec autant de séquences en boîte, les autres chaînes n'ont pas résisté. On a retrouvé une bonne partie des extraits des derniers jours sur France 5, dans C dans l'air

Quant à Quotidien, l'émission de Yann Barthès sur TMC, la rédaction en chef s'est visiblement retournée le cerveau pour traiter de ce tsunami médiatique sous un angle original. 

En rajoutant des animaux mignons pendant la séquence émotion de CNews...

Ou alors, en soulignant le fait que, rendez-vous compte, "son grand livre sur la France commence par une faute de français". Et Barthès de conclure : "Ça résume tout."

Finalement, pour échapper à cette vague, il fallait regarder un programme qu'on a quelque peu délaissé ces derniers temps : les 20 Heures. Eh oui, ces 20 Heures qu'on étrille à intervalles réguliers (notamment pour leur traitement de la crise sanitaire au premier confinement, ou lors du deuxième) . Les JT ont résisté à la tentation. À l'exception de la question d'Anne-Claire Coudray à Marine Le Pen sur le presque-candidat, il n'y  a rien eu cette semaine aux 20 Heures de TF1 et de France 2. Pas de sondages, pas de livre, pas de presque-candidat. Les inondations dans le Gard, le procès du 13 novembre, le Covid, la vaccination obligatoire ont occupé le temps d'antenne de ces JT.  Largement de quoi remplir l'antenne d'une chaîne d'info.

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