Comment "ASI" a fait fuiter par erreur des notes de travail

Paul Aveline - - Le médiateur - 23 commentaires

Certain·es de nos abonné·es ont eu accès à des notes de travail concernant une enquête en cours. Nos explications, et nos excuses aux personnes concernées.

Stupeur à la rédaction d'Arrêt sur images au matin du lundi 26 septembre. Plusieurs abonné·es, lecteurs et lectrices assidus de la newsletter matinale de Daniel Schneidermann, nous alertent que des notes de travail se sont glissées à la fin de son enquête sur les accusations qui visent le député EELV Julien Bayou. Vérifications faites, il y a en effet un gros problème : ces notes de Daniel, non destinées à publication, ont été publiées par erreur en bas de son enquête. Jetées en vrac dans un brouillon, elles ont ainsi été envoyées par erreur aux près de 15 000 personnes abonnées à cette newsletter quotidienne. Précision importante : ces notes n'ont jamais été publiées sur le site d'ASI, mais "seulement" dans la version envoyée par mail aux abonnés.

QUE CONTENAIENT CES NOTES ?

Sans détailler ces notes pour d'évidentes raisons de confidentialité, nous nous contenterons d'écrire qu'elles contenaient des éléments pouvant permettre d'identifier des sources de Daniel, qui avaient pour certaines requis l'anonymat. Elles contenaient également des propos recueillis par Daniel, mais qui n'avaient pas été vérifiés et pour lesquels le contradictoire n'avait pas été exercé. Ces propos ne sauraient donc être considérés comme des informations vérifiées.

DES ERREURS HUMAINES ET TECHNIQUES

Alors comment ces notes, censées rester privées, se sont-elles retrouvées diffusées auprès de milliers d'abonnés ? Pendant son travail, Daniel a copié-collé certaines de ses notes de travail directement dans l'outil de publication de notre site, commençant ainsi à rédiger sa chronique matinale. Des notes qui comprenaient donc une partie non-utilisable et confidentielle, et qui n'était pas destinée à être publiée. "Ça m'arrive de travailler comme ça. Et les notes qui sont restées à la fin du mail n'avaient justement pas été sélectionnées pour figurer dans l'article. Elles n'auraient évidemment pas dû être publiées en l'état, confirme Daniel, et n'ont pas été vérifiées ni recoupées".

En créant sa chronique dans la section Initiales DS, réservée à ses éditos impromptus, Daniel a, sans le savoir, activé la création d'une newsletter dédiée, qui a gardé en mémoire la dernière version de son enquête : à savoir celle contenant les fameuses notes confidentielles. Dans un second temps, et comme il est de coutume pour ses éditos du matin, Daniel a basculé sa chronique, encore non publiée, dans la section Matinaute, provoquant la naissance d'une deuxième newsletter prête à l'envoi. Problème de taille que nous n'avions pas anticipé, faute d'y avoir déjà été confrontés : c'est la première newsletter, contenant les notes de travail, qui est restée associée à cet article, et a donc été envoyée à nos abonnés. La bonne version, expurgée des notes de travail, a quant à elle été publiée normalement sur notre site.

Mais pourquoi cette newsletter, créée par erreur, n'a-t-elle pas été relue avant envoi ? C'est Loris Guémart, rédacteur en chef, qui était en charge ce jour-là de relire et corriger les travaux de Daniel. Techniquement, les newsletters générées à partir des articles de Daniel n'ont normalement pas besoin de relecture, puisqu'elles sont automatiquement copiées depuis le contenu de l'article. "J'ai jeté un œil à la newsletter pour m'assurer que des modifications substantielles n'étaient pas apparues, mais je ne suis pas entré en profondeur dans le texte", explique Loris. Une procédure habituelle (mais que nous allons réviser, voir plus bas) donc, puisqu'en temps normal, une fois l'article original corrigé et édité, la newsletter l'est aussi automatiquement. Faute d'avoir précisément vérifié le contenu du texte, Loris est par ailleurs "incapable de dire" si la version qu'il a corrigée était celle contenant les notes, envoyée par erreur, ou celle expurgée de ces notes, qui aurait dû atterrir dans les boîtes mail de nos abonnés.

NOS EXCUSES

Nous sommes en train de travailler pour qu'une erreur de ce type ne se reproduise jamais. Il en va du sérieux et de la crédibilité de notre site, mais surtout de la sécurité de nos sources en premier lieu. À ces dernières, qui se sont senties trahies, nous présentons nos plus sincères et plates excuses. Collectivement, nous œuvrons à mettre en place de nouveaux processus de publication de ces newsletters, qui seront désormais relues, validées et testées avant tout envoi. Comme c'est le cas, habituellement, pour tous les contenus produits par ASI. 

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