Variations sur un croc de boucher
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 39 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Si vous n'avez pas entendu, ou pas lu, que Sarkozy souhaite pendre Villepin à un croc de boucher
Si vous n'avez pas entendu, ou pas lu, que Sarkozy souhaite pendre Villepin à un croc de boucher dans le procès Clearstream, c'est que vous êtes en vacances à l'île de Pâque. Restez-y. Car on va manger du croc de boucher, à hautes doses. On l'a tellement entendu, que plus personne ne se souvient quel journaliste a révélé cet extrait d'une conversation en tête-à-tête entre Chirac et Sarkozy. Giesbert en revendique la paternité. Mais le degré de fiabilité des citations de Giesbert varie de l'improbable au hautement fantaisiste. Ce qui n'empêche pas les successeurs et concurrents du patron du ¨Point d'en rajouter. Comme le Nouvel Obs de cette semaine. "Monsieur le président, il y a longtemps que vous êtes entré dans une boucherie ?" : c'est par cette citation de Sarkozy, s'adressant à Chirac, que débutent les deux doubles pages titrées "Sarkozy-Villepin, du sang sur les murs". Si vous avez des enfants mineurs, ne laissez pas trainer l'hebdo d'Olivennes sur la table du salon. La semaine prochaine, L'Express nous racontera sans doute comment Sarkozy a poursuivi Chirac dans son bureau, en faisant de grands moulinets avec l'ustensile fatal. Il y a deux manières de rendre compte de cet étalage de testostérone. Comme la plupart des zebdos, en le racontant à la manière combat de gladiateurs dans la boue : après Giscard-Chirac, Chirac-Barre, Chirac-Balladur, voici Villepin-Sarkozy, Mesdames Messieurs ! Accessoirement, on pourrait aussi rappeler (comme l'éditorialiste de France Inter Thomas Legrand, ce matin) comment l'appareil d'Etat est instrumentalisé, les règles distordues, de considérables moyens déployés, pour assouvir cette vengeance personnelle. L'Obs de la semaine dernière, dans son portrait en lévitation de Thierry Herzog, l'avocat de Sarkozy, n'en soufflait mot, comme le signalait Sherlock Com'. Il ne s'en préoccupe pas davantage cette semaine. Il est vrai que c'est moins distrayant. |