Un pur modèle de presse
Daniel Schneidermann - - Publicité - Le matinaute - 35 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Il y a, en France, un groupe de presse en ligne florissant.
C'est le trop peu connu groupe Webedia, qui édite toute une flottille de sites, aux doux noms de PurePeople, PureMédias, PureShopping, PureTrends, etc. Comment est-il florissant ? D'abord, par les sujets traités, souvent à contre-courant des grands titres de la concurrence. On y apprend par exemple ce matin qu'une ex-présentatrice de TF1, aujourd'hui recyclée dans le groupe Canal+, a récemment effectué un ménage (avec enfant malade dans les bras) pour une marque bien connue de boisson gazeuse, information scandaleusement passée sous silence par la plupart des médias.
Le groupe déploie aussi une époustouflante créativité publicitaire, que détaille un édifiant article de La Tribune. Ainsi, plutôt que des pavés classiques, le groupe vend surtout "des offres d'habillage conçues pour les marques", plus rentables. Mais ce n'est pas tout, complète Sandrine Cassini, de La Tribune. "Outre l'habillage, Webedia propose aussi des publicités rédactionnelles identifiées comme telles, mais rédigées par les rédacteurs. Ainsi, une rédactrice beauté, en plus d'articles classiques, sera amenée à faire des fiches sur des produits L'Oréal, un travail qui incombe normalement à une agence de communication". Mais rassurons-nous, ces tâches sont "minoritaires" dans le travail d'un journaliste, nuance le fondateur du site. La Tribune ne précise pas si les journalistes de ces sites sont titulaires de la carte de presse.
De quelque côté qu'on se tourne, la pub étend son emprise sur l'information et l'on voit bien que la presse en ligne n'y échappe pas, voire capitule parfois plus rapidement encore que les médias traditionnels, où subsistent ici et là quelques îlots de scrupules. Dernier exemple en date, nous vous le racontons ici, la presse des jeux vidéo, gangrenée par les pressions des annonceurs, et les essais de complaisance. Raison de plus, s'il en fallait une, pour ne pas lui laisser entrer un orteil dans la maison.