Stupeur : Elkabbach fait son métier !

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 186 commentaires

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Pour une fois, chapeau Elkabbach !

Le matinaute en est encore sous le choc. "Msieur Sarkozy, cette histoire d'instruction Bettencourt à Bordeaux, c'est quand même embêtant. Vous êtes tout de même soupçonné d'avoir reçu directement une enveloppe de liquide des Bettencourt en 2007. Qu'avez-vous à dire ? Vous aussi, comme Monsieur Fillon, vous regrettez que Monsieur de Maistre ait été mis en détention ?"

Dieu sait, sur ce site, si nous n'avons pas épargné Jean-Pïerre Elkabbach depuis quatre ans, au point de lui consacrer un dossier entier. Et en apprenant que Sarkozy était une fois de plus son invité, nous n'attendions évidemment rien. Mais dès le début de l'entretien, stupéfaction dans les salles de bains: Elkabbach avait décidé, tout simplement, de faire son métier. Non seulement il lui demandait avec rudesse si le coup de filet dans les milieux islamistes, annoncé le matin même, n'était pas "une diversion", mais Bettencourt, Karachi, tout y passait en rafale. "Allez-vous vous expliquer une fois pour toutes sur le financement de la campagne Balladur en 1995 ?" Il fallait entendre Sarkozy bafouiller. Manifestement, l'offensive Elkabbach était une surprise totale. Mais Elkabbach n'en avait pas fini. "Je lis dans Mediapart des révélations à propos de l'achat de votre appartement de Neuilly. Vous aviez déclaré l'avoir acquis avec un prêt. Or il n'existe aucune trace de ce prêt". Brosses à dents et blaireaux en étaient suspendus. Mais c'est en entendant l'intervieweur mentionner l'abonnement conjoint @si-Mediapart, que nous avons compris que la radio de Lagardère venait de basculer dans l'inconnu.

Restera, dans les jours qui viennent, à analyser les raisons de ce virage brutal de la station périphérique, connue de toute éternité pour sa complaisance envers le pouvoir. Est-il à relier avec la montée de l'actionnariat qatari au sein du groupe Lagardère ? Sous l'impulsion de ses nouveaux actionnaires, le groupe a-t-il pour stratégie d'anticiper une victoire de Hollande, ou de Mélenchon ? Plus simplement, Elkabbach a-t-il décidé de s'offrir une fin de carrière honorable, et spectaculaire ? Ou bien au contraire, plus tristement mais plus vraisemblablement, s'agit-il d'une diabolique opération de victimisation de Sarkozy, décidé à se présenter comme le paria des medias ? Si c'est le cas, convenons qu'elle est efficace: on souffrait avec Sarkozy. A nos abonnés d'en débattre.

NDR: une regrettable erreur de manipulation nous a fait mettre en ligne cette chronique, prévue pour le dimanche 1er avril, avec 48 heures d'avance. Nous prions nos abonnés de nous en excuser.

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