Si vous avez échappé au "Climategate"...
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 90 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Des médias traditionnels arc-boutés sur une "vérité officielle", contre une myriade de blogs
| s'engouffrant dans les erreurs de détail, les non-dits, les
contradictions : c'est le paysage de l'information, en France, dans l'affaire dite du "Climategate" qui, à quelques jours de l'ouverture du sommet de Copenhague, oppose
les deux tribus des "climato-sceptiques" et des "réchauffistes". Si
vous y avez échappé jusqu'ici (rien d'étonnant, elle a apparemment moins passionné les Français que
les Anglo-saxons), en voici le résumé incontestable : des hackers ont
pénétré sur les serveurs de l'université britannique de East Anglia, en
pointe dans la collecte de données climatiques. Et ils ont publié 1073
mails échangés entre scientifiques. Jusque là, tout le monde est
d'accord. |
Que ressort-il de ces échanges de mails ? Ici, les ennuis commencent. Rien ou quasi, selon le Monde (accusé par les "sceptiques" d'être la Pravda des "réchauffistes") : seul le mot "trick" (astuce) employé en 1999 par Phil Jones, directeur du labo, dans un mail dont Le Monde ne donne pas le détail, serait susceptible d'être retenu à charge contre les scientifiques. Hum ! Le Monde semble au moins avoir oublié d'autres mails embarrassants, comme cette confidence navrée d'un scientifique, relevée par Reuters : "Le fait est qu'on ne peut rien dire de l'absence de réchauffement pour le moment et c'est déplorable", aurait écrit Kevin Trenberth. Et puis ? C'est tout, ou à peu près. Jusqu'à découverte d'autres pièces à conviction.
Devant confesser n'avoir pas lu dans le texte l'intégralité des 1073 mails, le matinaute est évidemment incapable de trancher. Qu'en retenir d'emblée ? D'abord, la structuration, la rage, et les termes du débat, rappellent irrésisitiblement ceux de la "guerre sans fin de l'information" sur la ré-ouverture des enquêtes sur le 11 septembre. Mais cette comparaison étant avancée, nuançons immédiatement : ce n'est évidemment pas une raison pour en tirer quelque conclusion que ce soit. Ensuite, cette querelle souligne une fois de plus les béances du système d'information à propos des querelles scientifiques, idéologiques et religieuses (et a fortiori scientifico-idéologico-religieuses). Que disent vraiment ces mails ? Quelles conclusions tirer de ces échanges "off the record" ? Pourquoi ce débat s'embrase-t-il à quelques jours de l'ouverture de Copenhague ? Est-il susceptible d'influer sur la tenue du sommet ? Sites de presse et blogs confondus, impossible d'en retirer une vision claire et (risquons le mot) impartiale. Sauf à essayer ensemble, ici, grâce aux liens providentiels que vous voudrez bien faire partager. Chiche ?
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