Sarkozy, les promesses et les perdreaux

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 67 commentaires

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Il incombera aux historiens d'expliquer un jour

 
pourquoi les Français, peuple frondeur, ont supporté si longtemps cette résurgence de monarchie, qui a pour nom la Ve République. La Ve République, avec sa pompe gaullienne, son omnipotence présidentielle qui porte en germe tous les abus de pouvoir, et son insupportable exercice d'humiliation publique de la presse, que l'on appelle "une conférence de presse", ou dans le cas présent, "un entretien présidentiel".

Virtuosité du mensonge, scintillance du culot, ostentation de son estomac d'autruche: ne vilipendons pas Sarkozy, tous les présidents successifs ont sacrifié au rite. Sans doute lesdits historiens, s'ils sont un peu ethnologues, trouveront-ils dans ce spectacle de lointains prolongements avec le souper du Roy à Versailles, celui-ci enchaînant les piques, les mensonges et les effets d'annonce, comme celui-là enquillait les perdreaux et les pâtés en croûte.

 

A l'heure de débarrasser la table des reliefs du festin, les bras en tombent au matinaute. D'autres le feront si bien ! Un seul exemple, pourtant. La taxe professionnelle, fut-il annoncé, sera supprimée. Léger émoi dans l'assistance. Oh la belle bleue ! Ah la belle verte ! Mais parmi les "journalistes" qui tendaient au monarque Sa cuiller et Sa fourchette, il ne se trouva personne pour rappeler le nombre de serments comparables, tombés dans le passé des lèvres augustes des prédecesseurs. Pour ne convoquer qu'un seul précédent, Chirac en 2004 avait déjà promis la même chose, avant que cette promesse se perde dans les sables du fait de l'opposition des collectivités locales, comme le rappelait opportunément dès hier soir le site de 20 Minutes. Mais à la Cour, les seuls historiens tolérés sont ceux qui écrivent l'histoire présente.

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