Royal, quand baissent les ricanements

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 160 commentaires

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Tiens, étrange, on dirait que ça ricane moins

, aux radios du matin. Oh, rien de palpable, rien qui se mette en chiffres ni en sons, on ne va pas faire un montage, on aurait du mal. Même Askolovitch ? Oui, même Askolovitch. On dirait que les ricanements ont baissé d'un ton. Se seraient-ils convertis au ségolisme ? Non. Mais ils respectent le succès, la victoire, comme le chien aime sa pâtée. Un score, un beau score bien rond, bien appétissant, et ils s'immobilisent, frétillants.

"Et pourtant, Delanoë était le favori des sondages" soupirent-ils pourtant en choeur, mélancoliques. Ciel ! Mais qu'a-t-il bien pu se passer, pour que les sondages se trompâssent ainsi ? Si on s'y était attendus ! Leur amnésie est touchante. Les sondages sondaient, oui, mais ils sondaient le plus souvent...les sympathisants. Le sympathisant est sympathique, certes. Mais il a un défaut: il n'est pas militant. Et donc, à ce stade, ne vote pas.





Eternelle salade, éternelle et opaque dialectique, des médias, des sondages et des électeurs. Qui entraine qui ? Qui influence qui ? C'est bien moins net qu'au jeu des ciseaux, de la feuille, de la pierre et du puits, où l'on sait toujours qui triomphe de qui. A la primaire socialiste de 2007, Royal fut accusée -à tort- par ses rivaux d'être la candidate des sondages, et des médias (mémorable couverture de L'Obs), contre les militants. La suite montra le contraire. A la vérité, les uns et les autres avaient plutôt tardé à prendre en compte sa popularité, qu'ils ne l'avaient précédée. Elle vient de l'emporter à nouveau, malgré les sondages, et les ricanements. Preuve supplémentaire que les uns et les autres disposent (peut-être) du pouvoir d'occulter, mais pas de prescrire, ni d'imposer.

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