Qui savait quoi : demain le diesel ?

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 64 commentaires

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Assez ri. Assez menti. Il est temps de parler.

Quand l'avez-vous appris ? Quand avez-vous été informée de l'affaire ? Par lettre ? Par mail ? Par texto ? Et quelles informations précises contenait-elle, cette lettre ? Connaissiez-vous les données exactes, les dates, la nature des soupçons ? Et en avez-vous averti les autorités supérieures ? Et quand ? Et qu'ont-ils répondu ? Que saviez-vous ? Qui savait quoi ?

Ce n'est pas une semaine, qui se termine : c'est un interrogatoire non stop, rebondissant de chaîne en chaîne, avec bandes-annonces et résumés des épisodes précédents, qui va (peut-être) marquer une pause. Suspecte : la ministre de la Justice. Interrogateurs : tous les journalistes de l'audiovisuel français. Joignant leurs efforts, la suspecte et ses tourmenteurs auront conjointement réussi l'exploit de transformer le soupçon de trafic d'influence pesant sur Sarkozy, en affaire Taubira. Saluons l'exploit. Saluons la co-production. Chapeau les artistes, on ne s'ennuie pas.

Pendant ce temps, donc, un tiers de la France tousse, s'essouffle, et inhale toutes sortes de micro-saloperies, dont nul ne peut encore connaître l'impact exact sur la santé. Certes, la pollution aux particules fines est enfin un peu sortie des bulletins météo, où la confinait BFM. Certes, malgré quelques diversions sur les feux de cheminée, on ose enfin prononcer à une heure de grande écoute le nom du coupable : le diesel. Mais là, pas de suivi en direct. Pas d'interrogatoire aphatiesque des représentants des compagnies pétrolières ou des constructeurs de voitures qui, depuis une trentaine d'années, dans des conditions rocambolesques et largement méconnues, ont entrepris d'intoxiquer la France au diesel, avec la complicité de tous les gouvernements successifs. Pas de traque à la "gaffe", pas de recherche satellite de la "boulette", pas de chasse au "mensonge", pas de Quisavaitquoi?, pas d'appels copéiens à la démission. Même pas un mot, soit dit en passant, des deux ministres verts que compte, de bonne source, le gouvernement français. Pourquoi ? Pourquoi certains sujets enflamment-ils la mediasphère, et d'autres sont-ils condamnés au statut d'actualité dépassionnée, déconnectée de toute allusion à la morale publique ? C'est évidemment le sujet de notre émission de la semaine, garantie sans Taubira. Elle sera en ligne dans la journée. A tout à l'heure.

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