Peste et choléra, demandez le programme !
Daniel Schneidermann - - Médias traditionnels - Le matinaute - 329 commentaires
Chic, c'est soirée peste ou choléra. Le Pen et Darmanin, chez Salamé-Sotto, ou Bolloré-Hanouna recevant Mélenchon pour dézinguer le service public ? C'est Hanouna et Mélenchon qui ont choisi de nous offrir le choix. Pour qu'on comprenne bien, Mélenchon le répète trois fois à Hanouna avant le début de l'émission : c'est lui qui a demandé à venir ce jeudi soir, face aux deux fachos qui se câlino-picotent sur la Deux. C'est lui qui a voulu ce match à distance, et demandé l'asile médiatique chez Bolloré. On en est là, pauvre peuple de gauche. Peste Le Pen pour les masos sur la Deux, ou choléra Bolloré pour les objecteurs de conscience sur la Huit ?
Et l'émission commence. Par la pandémie ? Les variants ? La dette ? Bien sûr que non. En entrée, mesdames-messieurs, polygamie et tests de virginité. Même priorité qu'en face (du moins on le suppose). Mélenchon fait du Mélenchon. Le bon ou le mauvais Mélenchon ? Les deux à la fois. C'est la nouveauté de la soirée. Il a synthétisé le "bon Mélenchon" (Hugo réincarné) et le "mauvais" (La-République-c'est-moi). Il reproche en hurlant à une chroniqueuse son "vilain visage"
. Et multiplie les "vous n'y connaissez rien"
. Oui mais en face, c'est la peste.
On y risque un œil, avec gestes barrière. Le Pen et Darmanin préfigurent un potentiel cauchemar peste ou choléra du second tour de 2022. Et, surprise, c'est Darmanin qui accuse de mollesse une Le Pen qui se refuse à confondre les musulmans et le terrorisme islamiste ("Je n'entends pas m'attaquer à l'islam, qui est une religion comme une autre"
). Sans doute ce nouveau positionnement islamophile est-il dicté par le souci de grappiller une partie de l'électorat catho. Sans doute. Peut-être. N'empêche. C'est dit. Un instant, un instant seulement mais tout de même, on est effleuré par l'idée tourneboulante, qu'un barrage, ça peut barrer dans les deux sens.
Retour chez Hanouna. Mélenchon s'y fait le brillant avocat de la planification écologique, pour construire des hydroliennes, et réparer les canalisations d'eau pourries sur tout le territoire. Regardez-moi dans les yeux : entre le burkini, et les déperditions d'eau pour cause de fuites (1300 milliards de litres perdus chaque année), à quel chantier attendez-vous que s'attaque en priorité un pouvoir politique national ? Et pourtant, de quoi vous parle la télé bollo-zemmourisée, du matin au soir ? Sauf hier soir, donc. Mélenchon est content. Il reviendra. "La politique, ça se passe ici cette année"
fanfaronne le chroniqueur Yann Moix. "La vérité, c'est quand même ça"
confirme Mélenchon. Un instant, on est tourneboulé par l'idée que c'est vrai. Tous ensemble : vive Bolloré ! Vive Hanouna !