Pénélope, et le malin Antonin

Daniel Schneidermann - - Médias traditionnels - Le matinaute - 82 commentaires

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Même les vieux routiers des Matinales radio peuvent encore faire de belles découvertes.

Hier, je découvrais ébahi Antonin André, chef du service politique d'Europe 1, l'homme qui voulait envoyer au goulag les bras cassés de la primaire PS. Magnifique découverte. Il vaut le détour, Antonin. Ce matin, miracle des nuits réparatrices, Antonin André s'est bien calmé. Il ne veut plus envoyer personne au goulag. Les 500 000 euros brut, perçus en huit ans par Pénélope Fillon, pour un poste d'attachée parlementaire présumé fictif de son mari, affaire révélée par Le Canard enchaîné de la semaine (reportez-vous à vos medias préférés), le laissent parfaitement sceptique.

Rien ne le trouble, Antonin. Ni les témoignages recueillis par les radios du matin (y compris Europe 1) dans la circonscription de Fillon, où nul ne savait que Pénélope travaillait aux côtés de son mari ; ni le témoignage de l'ex-directeur de "La revue des deux mondes", propriété de Marc Ladreit de Lacharrière, où Pénélope aurait migré en 2012 comme "conseillère littéraire" à 5000 euros mensuels, et qui ne l'a jamais rencontrée ; ni l'insolence du "Lab (filiale d'Europe 1) exhumant une citation de 2016 dans laquelle Pénélope expliquait "ne jamais s'être impliquée dans la vie politique de son mari". Non. Il en a tant vu, des casseroles, Antonin André. Tant vu qu'il ne se pose qu'une seule question, la même que se posent tous les gros malins quand sont révélées de décisives turpitudes : pourquoi ça sort maintenant ? Et à qui profite le crime ? Malin, Antonin. Les CSP+, coeur de cible d'Europe 1, n'y auraient pas pensé tout seuls.

Certes, Antonin André ne répond à aucune de ces deux questions. Il nous laisse dans une cruelle incertitude. S'il fallait, en plus du reste, que les éditocrates enquêtent ! Il est vrai que la réponse n'est pas aisée. Si c'étaient les sarkozystes, qui avaient dû balancer cette boule puante dans les jambes de Fillon (si si, de telles choses peuvent arriver) sans doute aurait-elle été balancée plus tôt, avant la désignation dudit Fillon. Les socialistes ? Franchement, ils ont la tête ailleurs. De fait, on ne voit pas clairement à qui l'affaire pourrait profiter. Mais peu importe. Cet édito interrogatif nous rappelle que le conspirationnisme n'est pas confiné dans les tréfonds d'Internet. Il arrive qu'il s'exprime aussi au micro des radios les plus honorables.

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