Pass vaccinal et élection imperdable

Daniel Schneidermann - - Médias traditionnels - Le matinaute - 145 commentaires

Au total, la pandémie aura été une bonne affaire électorale pour Emmanuel Macron. Le quoi qu'il en coûte, puis le fait d'imposer en juillet 2021 le pass vaccinal, ont solidifié sa base électorale, selon le journaliste politique du Monde Alexandre Lemarié, dans le deuxième volet d'une série de cinq sur le bilan du quinquennat. L'électorat macroniste qui "emmerde" les antipass / antivax s'est regroupé autour de lui. "Personne n'aurait fait mieux que lui", reconnaissent des électeurs devant des députés LREM, qui l'ont rapporté au journaliste. Oubliés les mensonges initiaux sur les masques, les tests, les vaccins, oublié le Macron largué des premières interventions télé, oubliée la politique hospitalière de fermeture de lits. "Inaudibles, les oppositions ne parviennent finalement pas à le mettre en difficulté sur ce terrain" conclut l'enquêteur,  qui s'appuie sur la "bonne tenue des intentions de vote" en faveur du sortant au premier tour.

Sauf que, sondage pour sondage, sa popularité baisse.  Sauf que dans le même journal, une autre enquête signée de la journaliste médicale Camille Stromboni s'interroge sans avoir l'air d'y toucher sur les rumeurs de suppression du même pass vaccinal, à quelques semaines de l'élection. Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal envisage une suppression "fin mars début avril" alors que le ministre de la Santé Olivier Véran (qui n'est pas candidat à la présidentielle) l'avait plutôt annoncée "avant la fin juillet". "Personne ne comprend plus rien", estime l'infectiologue Gilles Pialoux, cité par le journal. Je cherche en vain une synthèse de ces deux analyses. Le pass ayant donné tout son jus électoral, peut-on le balancer à la poubelle ?

De fait, le gouvernement condamne ainsi le pass à l'échec (pourquoi subir le vaccin, si la contrainte doit être levée dans un gros mois ?) alors que l'Omicron auquel on s'était habitué pourrait à son tour céder la place à un "BA2" encore largement inconnu (sur lequel le dernier article du Monderemonte au 21 janvier dernier). Seule explication : considérant désormais l'élection imperdable, le pouvoir peut donc se permettre toutes les incohérences. Mais deux mois, c'est encore une éternité. Tiens, rien à voir : ont resurgi ces jours-ci de belles photos d'Édouard Balladur, célèbre ancien premier ministre, entré en 1995 dans la légende des élections imperdables. Je dis ça, je ne dis rien.



Lire sur arretsurimages.net.