Notre concours d'été : faites la Une du Figaro !

Rien ne servirait de sauver l'Euro nuitamment

, après une héroïque réunion de onze heures, à la veille de la réunion de la dernière chance et tout et tout, si les populations n'en étaient pas informées sur-le-champ. C'est donc à 4 heures 33, que le site du Figaro a informé les noctinautes que Sarkozy et Merkel étaient parvenus à un accord, dans la crise grecque. Un accord dont personne ne connait la teneur, encore moins la solidité, et encore moins l'avenir, mais dont il était urgent de bercer les peuples au saut du lit. On saluera la mobilisation exceptionnelle du site du nouveau tabloïd français, qui avait prévu, en plein été, une veille nocturne exceptionnelle (Dassault aux manettes de l'avion, et Mougeotte en webmaster ?) pour chanter la louange de Sarkozy.

Tiens, à propos du Figaro, un détail. C'est entendu, le PS unanime a dénoncé le photomontage Hollande-Banon de la Une d'avant-hier.

Hollande l'a dénoncé en ces termes exacts: «Je considère que d’avoir mis comme ça dans un certain nombre d’organes de presse, enfin un en l’occurence, mon nom et mon visage par rapport à une affaire qui ne me concerne en rien est une affaire de manipulation politique». Et Aubry l'a dénoncé de cette manière: «A l’heure où, au Royaume-Uni, la démocratie est affaiblie par le scandale du News of the World, il nous revient à tous, politiques, médias, citoyens, de donner au débat public en France sa force et sa hauteur» (en avant-première, d'ailleurs, grâce à notre @sinaute Pat de Saint-Rémy, je vous annonce... ...le prochain développement de l'affaire)

Relisez bien ces fortes dénonciations. Qu'y manque-t-il ? Presque rien: seulement le nom du media incriminé. Les journalistes sont priés de remplir les blancs eux-mêmes. Qu'est-ce qui empêche Hollande ou Aubry d'appeler Le Figaro un journal voyou, ou un tabloïd ? Pourquoi ménager ainsi Dassault et Mougeotte ? Qu'ont-ils à craindre, ou à espérer ? Comptent-ils sincèrement sur Dassault-Mougeotte pour redonner de la "hauteur" au débat public ? De la même manière, d'ailleurs, quand elle annonce partir à la chasse aux rumeurs, pourquoi Martine Aubry, parmi les propagateurs de ces rumeurs, ne nomme-t-elle pas explicitement la poly-éditorialiste Caroline Fourest ? Pudeur ? Désir d'éviter de faire de la publicité aux intoxicateurs ? Ou sourde crainte de la puissance de feu que représentent Fourest ou Le Figaro ? Et dans cette dernière hypothèse, celle de la sourde crainte, ne pourrait-on y voir comme un écho de l'impunité dont a bénéficié, des décennies durant, le malfaisant groupe Murdoch chez nos voisins grand-bretons ? C'est sur cette question lancinante, à laquelle vous ne manquerez pas d'apporter des réponses pertinentes, que je souhaite à tous les matinautes un bon été, et vous donne rendez-vous, derrière un écran ou avec une bouteille, à la rentrée (et tiens, ceux qui craignent de s'ennuyer peuvent toujours, au jour le jour, venir en aide à Dassault-Mougeotte, et confectionner des Unes du Figaro. Promis, on publiera les meilleures, et le gagnant sera notre invité d'honneur au pique-nique de rentrée).