"Malheureusement", Fourest re-condamne le mari d'Aubry

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 306 commentaires

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Vous n'en entendrez sans doute pas parler, parce que l'affaire est déjà préhistorique

(pensez donc, le week-end dernier) mais le Syndicat des Avocats de France soutient le mari de Martine Aubry, Jean-Louis Brochen, accusé par "les rumeurs" d'être "un avocat des islamistes" (si vous avez manqué un épisode, c'est ici). Avec cet argument simple: ce n'est pas parce qu'on défend des islamistes, que l'on est islamiste. "Nous sommes tous des islamistes" écrit le Syndicat (Jean-Louis Brochen en a été le président de 1981 à 1983) qui rappelle cette vérité de bon sens: "l'avocat d'un violeur, d'un proxénète ou d'un meurtrier n'est ni violeur, ni proxénète, ni meurtrier."

Etrangement, les avocats soutenant Brochen ne citent pas l'origine "des rumeurs". Et pour cause: à l'origine de cette rumeur, que Aubry s'était dite déterminée à combattre, on ne trouvait pas quelque manipulateur sarkozoïde, mais...un livre de Caroline Fourest, grande pourfendeuse d'islamistes dans les piscines, les réfectoires et les voyages scolaires, poly-chroniqueuse et poly-invitée (y compris...dans des colloques organisés par le PS, en présence d'Aubry). Dans ce livre publié en 2005, "La tentation obscurantiste", elle rappelait que Brochen a défendu, dans le passé, "des islamistes" dans trois dossiers (une plainte en diffamation, un jeune gangster membre du "gang de Roubaix", et trois filles voilées exclues de leur lycée).


"Avocat des islamistes", n'était-ce pas un peu beaucoup ? Loin de reconnaître l'ambiguïté de sa formulation, (eût-elle remplacé le "des" par "de ces", l'affaire s'arrêtait là) Fourest persiste et signe, sur son blog (sans d'ailleurs y reproduire le passage en question). Avec un scoop: elle révèle que Brochen lui avait demandé, par lettre, en 2010, de bien vouloir reformuler ce passage de son livre. Ce fut non, parce que "malheureusement" (sic Fourest) ses informations étaient exactes. "Malheureusement": on a bien lu. Pas de chance, Brochen, vous avez défendu des islamistes, estimez-vous heureux de vous en tirer à si bon compte. Car Fourest, dans sa longue note de blog, regorgeant par ailleurs de discours et de rendez-vous d'Aubry avec des associations locales fouresto-incompatibles, confirme que son dossier Brochen est totalement vide. Rien d'autre à charge, que cette phrase, que l'on est prié de lire avec attention: "j’ai pris bonne note de ces explications (de Brochen, NDR). Mais je reste persuadée que ces choix d’avocats n’auraient aucune signification s’ils ne soulignaient pas l’ambiguïté d’une certaine politique menée dans le Nord". Relisez bien le système à double négation, qui aurait pu figurer dans un réquisitoire stalinien: Fourest désapprouve "l'ambiguïté de la politique menée (par Aubry, NDR) dans le Nord" (proposition 1). "Des islamistes" ont par ailleurs choisi l'avocat Brochen (proposition 2). Brochen est donc "malheureusement" coupable (proposition 3). On a froid dans le dos, parfois (et ça n'a rien à voir avec le temps automnal).

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