Mélenchon et sa tapette
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 164 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Soyons kamikaze, réveillons les forums, faisons un point sur Mélenchon.
Ca faisait longtemps. Mais il nous tend la perche. Pas un matin sans Mélenchon. Sans une colère de Mélenchon. Ce matin, c'est à propos de la Biélorussie, qu'il s'en prend à Quatremer, de Libération, dans un post fleuve de son blog. Comment dire les choses, de manière simple ? Non, à la lecture de ses explications détaillées, Mélenchon n'est pas soupçonnable de complaisance envers la dictature néo-communiste de Biélorussie. Oui, Quatremer a été un peu rapide. En revanche, la phrase de Mélenchon "Cuba n'est pas une dictature" (c'est un des épisodes précédents du même feuilleton, je vous laisse reconstituer l'histoire vous-mêmes) est irrémédiablement stupide et ne passe pas. Oui, Cuba est une dictature. Pas la seule d'Amérique latine (dix journalistes tués au Honduras en 2010, dont trois en lien avec la profession), mais c'est une dictature. Comme quoi même les plus intelligents peuvent dire des bêtises.
L'affaire Plantu. Presque autant de réactions que l'affaire Céline. Que dire sur l'affaire Plantu ? Un dessin pas drôle. De grosses ficelles. Un dessin, surtout, qui passe à côté, de sa cible. Un dessin faux. Qui peut sérieusement mettre Mélenchon et Marine Le Pen dans le même sac ? Plantu lui-même n'y croit sûrement pas, s'il croit encore quelque chose. Mais un dessin qui, de la part d'un candidat à la présidence de la République, n'aurait dû appeler que le silence. Tant d'autres sujets attendent, où son énergie serait mieux employée ! |
Je serais mélenchonnien, c'est à dire que je croirais fermement qu'il est le meilleur candidat à la présidence, que lui seul aura une petite chance de nous sortir de la panade, je serais surtout furieux contre...Mélenchon lui-même. Pendant qu'il s'essoufle à poursuivre Plantu et Quatremer, comme le chat de Tom et Jerry, où sont ses paroles fortes sur la révolution tunisienne ? Où est sa colère, contre l'obscénité d'un ministre de l'Education qui amuse la galerie avec l'apprentissage de l'anglais en maternelle, tout en supprimant des milliers de postes à l'Education nationale ? Et pourtant, quand il se consacre à autre chose qu'à pourchasser les moustiques avec une tapette, Mélenchon est capable d'analyses fortes, originales, décapantes, sur la marche du monde, il est l'un de ceux qui renversent le mieux, et da la manière la plus utile, le champ de vision. Mélenchonniens, s'il en est encore temps, planquez-lui sa tapette !