Masques : l'aveu sans masque de Guérini

Daniel Schneidermann - - Intox & infaux - Le matinaute - 60 commentaires

Bien sûr, la France n'est pas le seul pays où "ça repart". Bien sûr, Israël reconfine pour trois semaines. Bien sûr, le nombre de morts repart à la hausse en Espagne. Mais nous voici en septembre, et le gouvernement est encore incapable de définir et de faire appliquer une politique de santé publique contre la pandémie de coronavirus, laissant le terrain libre à l'interminable cacophonie médicale (voir notre inventaire de ce week-end) aux charlataneries multiformes, et à la propagande souterraine anti-masques. Au printemps dernier déjà, je m'interrogeais ici sur les interrogations de mes confrères sur l'absence de crédibilité du gouvernement.

On tentera peut-être un jour de comprendre les causes de cet échec. On en trouvera une, au moins, qui sera tragiquement simple : le gouvernement paie son mensonge initial sur les masques, et sa tentative de masquer la réalité de la pénurie. Ce n'est pas un opposant qui le dit, c'est le chef du parti macroniste, Stanislas Guérini, dans un extrait isolé par l'émission Quotidien. "Avec le recul, on sait qu'on aurait dû dire plus simplement qu'il n'y en avait pas assez, et que c'était la raison principale de les réserver à la première ligne de front".

Ainsi Guérini pulvérise le mensonge répété dans lequel s'enferrait encore, voici quelques semaines, le ministre Olivier Véran : "Je ne voudrais pas que les Français pensent qu'on leur aurait caché l'utilité du masque parce qu'on en aurait manqué". Cet aveu, Guérini ne l'a pas confessé en privé, sous couvert d'une conversation off entre initiés. Quotidien n'a pas dû hacker un site, intercepter une conversation, enquêter dans les coulisses. La vérité est souvent aussi peu dissimulée que la Lettre volée d'Edgar Poe. Si j'en crois l'image, Guérini se trouvait à la tribune de "La rentrée des territoires", une manifestation publique organisée le week-end dernier dans la Drôme. Il est probable que se trouvaient  aussi dans la salle plusieurs journalistes. Et pourtant, Quotidien est la seule émission à l'avoir relevé. 

Ce mensonge n'est pas un simple mensonge. En sapant la crédibilité de la politique de santé publique, il fait des morts. On est en septembre. Jusqu'à quand Véran, Macron, Castex,  Philippe, s'enferreront-ils  ? Jusqu'à quand des médias amnésiques et aveugles les laisseront-ils s'enferrer ?


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