Les mystères de Béziers
Daniel Schneidermann - - Silences & censures - Le matinaute - 27 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Tiens, un peu d'info locale, pour changer.
Coup de tonnerre dans la campagne des départementales : Florian Philippot, numéro deux du Front National, annule sa venue à Béziers, prévue pour le 14 mars prochain. C'est un scoop du journal local, Le Midi libre. Motif de l'annulation ? Robert Ménard, maire de la ville, n'est pas disponible ce jour-là. Diable; faut-il que les choses soient graves, et le mot d'excuses bien argumenté, pour expliquer un tel affront à une si haute personnalité nationale. Pourquoi Ménard n'est-il pas disponible ? Il réceptionne les flingues de sa police municipale ? Il négocie pour l'achat en leasing d'un char Leclerc ? Non. Il "rebaptise une rue", explique sobrement Midi libre.
A ce stade, le matinaute doit confesser une lacune : il ignore tout du rituel de la rebaptisation (ou du rebaptême ?) de rues dans l'Hérault en général, et à Béziers en particulier. Peut-être ce rite inclut-il des festivités, laïques et religieuses, qui peuvent se prolonger toute une journée, et déborder sur une partie de la nuit. Peut-être suppose-t-il, de la part du premier magistrat, une concentration, une immersion intellectuelle, incompatibles avec toute autre activité, et notamment une réunion politique. En grand désarroi et en quelques clics, le matinaute s'est donc plongé dans la situation politique biterroise, et a découvert un sacré sac de noeuds, à base de glissements entre UMP et FN, et d'embouteillage de candidats soutenus alternativement par tout le monde et personne. Ce sac de noeuds étant excellemment décrit dans un article du Point, je renonce paresseusement à tenter à mon tour de le décrire. Bref (pure déduction) il est parfaitement possible que Philippot et Ménard, devant cette situation inextricable, aient convenu d'un commun accord qu'il était plus urgent de rebaptiser une rue, pour ne pas trop attirer l'attention des media nationaux.
Voilà, en tout cas, tout ce que les lecteurs de Midi libre ne sauront pas.Midi libre, c'est ce journal dont le PDG a récemment censuré un article, justement sur la nouvelle campagne d'affichage promouvant l'armement de la police municipale, de crainte d'une plainte en diffamation de Ménard. Une chose est sûre : avec de tels articles, le journal ne risque plus rien.
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