Midi Libre / Ménard / censure : décision "incompréhensible"

Anne-Sophie Jacques - - Silences & censures - 0 commentaires

Censure ou autocensure ? Les journalistes de Midi Libre ont dénoncé hier la non publication d’un article sur la campagne d’affichage de l’armement des policiers municipaux de Béziers lancée par son maire Robert Ménard – et que nous évoquions ici – en s'indignant de la censure par le directeur de la publication et PDG du quotidien Olivier Gérolami. Ce dernier explique s’être inquiété de risques de poursuites en diffamation pour justifier cette mise à la trappe. Des explications qui ne convainquent pas les journalistes.

"Désormais la police municipale a un nouvel ami - Armée 24h/24 et 7j/7" : la campagne d’affichage du maire de Béziers lancée il y a dix jours – et décryptée ici – a au moins fait un mort. Selon une dépêche AFP reprise notamment par Le Monde, l’article intitulé "Robert Ménard dégaine" signé Arnaud Gauthier, rédacteur en chef de l’agence locale de Midi Libre, n’a jamais été publié dans les pages du quotidien. Une mise à la trappe décidée par le directeur de la publication et PDG de Midi-Libre Olivier Gérolami qui, le 12 février, a décidé de remplacer l’article qui faisait feu sur Ménard par une dépêche d’agence.

Toujours selon l'AFP, Gérolami a invoqué un risque de poursuites en diffamation : "J'ai demandé une vérification de ce risque juridique, peut-être pas fondé car je ne suis pas docteur en droit, mais je rappelle que nous faisons déjà l'objet, pour un autre article, de poursuites en diffamation de la mairie de Béziers". En effet, en octobre dernier, la ville de Béziers a porté plainte contre le quotidien pour un article paru le 30 septembre qui affirmait que le neuropsychiatre Boris Cyrulnik avait décidé de fermer son Institut de la petite enfance ouvert à Béziers en janvier pour "incompatibilité avec une mairie Front National".

L'explication n’a pas convaincu les journalistes qui ont dénoncé hier une censure pure et simple, d'autant que, de l'aveu de Gérolami, l'article s'est avéré "polémique, mais pas diffamatoire". Dans un communiqué, la société des journalistes du Midi libre (Sojomil) évoque "une décision «incompréhensible et abusive» du PDG qui «a fait fi de notre exigence et notre responsabilité» et a «bafoué l'indépendance de la rédaction". Elle dit par ailleurs se réserver le droit de soumettre aux actionnaires de Midi Libre une motion de défiance. De son côté, le SNJ, "syndicat majoritaire du quotidien, a critiqué «un choix calamiteux» qui «a désavoué et fragilisé» la rédaction de Béziers «face à un élu qui n'en attendait (...) pas tant»". En attendant, l’auteur de l’article a annoncé sa démission du poste de chef d’agence de Béziers.

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