Les De Blasio, naissance d'une icône familiale

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 19 commentaires

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Montagnes russes du matinaute. Etranges réveils.

Libé consacre sa Une à Chistiane Taubira, qui se plaint de ne pas être davantage soutenue, dans les attaques racistes récurrentes dont elle fait l'objet. Et comme en écho, voici Raffarin, cuisiné par Aphatie sur RTL, qui se dépêtre comme il peut d'une question sur ces attaques, en en reportant la responsabilité...sur le gouvernement.  Il faut les entendre, tous, à droite, expédier du bout des lêvres une condamnation de principe, avant, surtout, de parler d'autre chose. Ca leur écorcherait donc la bouche, à droite, d'exprimer simplement, sans restrictions ni conditionnels, solidarité et sympathie avec l'être humain Christiane Taubira, ignoblement attaqué ?

Oui mais voilà. Le même matin, dans le même mouvement, on est saisi par une photo. Mais oui, c'est une photo politique, une des images de l'élection de Bill de Blasio, comme maire de New York, étreignant son fils de 15 ans. Et cette photo du New York Times, cette photo inouïe de Bill et Dante de Blasio célébrant la victoire, cette photo que nous envoie l'Amérique, on ne se lasse pas de la contempler, avec nos yeux écarquillés de lepéno-vallsisés en douceur. La famille de Blasio est un véritable festival de signes, un paradis profus pour sémiologues, dans lequel on se promène avec ravissement, et sur lequel nous reviendrons dès que possible.

 

  

Le plus étonnant, dans l'émergence soudaine de l'icône familiale collective de Blasio (il parait que Chirlane, dans les bains de foule, vole la vedette à son mari, et l'on peut parier que Dante, le fils, accèdera plus vite que son père à la célébrité mondiale), c'est qu'elle soit passée, jusqu'à l'élection, largement au-dessous des radars médiatiques mondiaux (et, au hasard, français). De Chirlane, lesbienne assumée et épouse comblée, à Dante et sa coiffure afro adoubée par Obama, en passant par l'engagement passé de Bill au Nicaragua, n'y aurait-il pas eu largement de quoi nourrir une copieuse cover story des hebdos français, en panne de bonnes idées, parait-il ? La famille de Blasio est la preuve vivante que l'on peut écrire des success-stories "de gauche", selon les canons traditionnels des "success stories", avec ce qu'il faut de sexe, de people, et d'amour familial, et finalement bien plus riches, bien plus émouvantes, que bien des success stories du business, du luxe et de la haute-couture, dont on nous bombarde jour après jour. C'est aussi, dans le même mouvement, la preuve vivante que le système, dans ses canons actuels, n'en veut pas, et s'en protège.

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