"L'effet apéro" existe, je l'ai rencontré

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 202 commentaires

Une fois n'est pas coutume, prenons la défense d'un marcheur. Et du gouvernement. En expliquant hier que l'instauration d'un couvre-feu à 18 heures visait à combattre "l'effet apéro", Stanislas Guérini, délégué général de LREM, a déchainé contre lui tout ce que compte d'insurgés la France qui s'insurge, et de railleurs la France qui raille, sur les réseaux qui gazouillent, et derrière les micros des radios les plus prestigieuses. Comment donc ? Qui est donc ce techno hors sol, qui s'imagine que nous n'avons que cela à faire, siroter le pastis, les mômes sous le bras, avant le couvre-feu de 20 Heures ? Même un député LREM, Hugues Renson, l'a jugée "inutilement caricaturale".

Qu'est-ce que l'effet apéro ? L'effet apéro, à Paris, c'est ça. 

Ce sont les nombreux cafés, qui se sont adaptés au couvre-feu à 20 Heures, en proposant de la vente de boissons à emporter. Et de préférence à emporter tout près : sur le trottoir.

 Je n'ai pas eu à chercher bien loin. C'est le site Actu Paris qui , après récolte de multiples tweets, explique ce matin "l'effet apéro",  par la multiplication des consommations, sans gestes barrières, sur les trottoirs, devant ces débits de boisson. Libé témoigne d'ailleurs du même phénomène, après enquête de terrain place de la Contrescarpe, à Paris (comme quoi ancien et nouveau journalisme se rejoignent parfois). Autrement dit, la décision d'avancer le couvre-feu à 18 Heures a une justification. Bonne ou mauvaise (sur CovidTracker, Guillaume Rozier, par exemple, ne distingue pas d'effet notable sur les départements où le couvre-feu a été avancé), mais une justification. Il faut un sacré talent, tout de même, pour arriver à vider de son sens une mesure qui a une justification.


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