Lagardère achète le ticket Jadot-Saporta

A quoi ça ressemble, un éditorial masqué ? Il faut écouter (et regarder, car cette chronique est un véritable stand-up assis) Jean-Michel Aphatie analyser la photo du couple Jadot-Saporta, révélé au monde au soir de l'élection européenne. 

Fine mouche, Aphatie pressent que l'opération masque forcément une arrière-pensée de candidature pour la "grande élection", la présidentielle de 2022. Mais au passage, il livre sa vision des écologistes. "Les écologistes, c'est un monde tout à fait respectable, mais il faut bien le dire, un peu gris, un peu triste, la joie individuelle y est bannie". C'est tellement vrai ! Il existait bien un écologiste individuel et joyeux, nommé Denis Baupin, et regardez ce qu'en en ont fait les tristes et grises mormones écolos !

Poser pour Paris-Match (groupe Lagardère, comme Europe 1) serait donc pour les Jadot-Saporta un acte de rupture avec la culture écologiste. L'arrière-pensée de Jadot, selon Aphatie, serait "de déringardiser les Verts, de les dépoussiérier, de les dégauchiser, d'en faire des gens du XXIe siècle, qui se battent pour l'environnement, mais en acceptant que, bé oui, y ait un chef, quelqu'un qui domine, qui apparaisse souriant, heureux devant les photographes, et pas triste, accablé, par le poids d'une terre qui se défait". Donc, la gauche, c'est ringard et poussiéreux. Défendez la nature, oui, bien sûr, pas de problème si ça vous chante, mais à la manière XXIe siècle, en vous bécotant pour les objectifs de Lagardère.

Si j'osais formuler une objection, le matinaute ringard et poussiéreux que je suis trouve au contraire que toute l'opération (le couple glamour politique-journaliste, l'exclu à Match) sent au contraire son XXe siècle finissant. Mais il faut bien aussi reconnaître que dans ce processus d'adoubement par le système, le nouveau couple clintonien y a mis du sien, Madame, qui vient de démissionner de RTL en annonçant son intention de former ticket avec Monsieur, reconnaissant ici qu'elle "ne voit pas une énorme différence entre Mélenchon et Marine Le Pen", ou là que Macron a été "hyper bon, avec un côté Kennedy" dans ses one man show du Grand débat. La fusée est lancée, à vous les studios.