Incroyable : il y aurait des écolos aux Pays-Bas !
Daniel Schneidermann - - Alternatives - Le matinaute - 56 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Vous êtes bien assis ? Attention à la révélation : il existe, aux Pays-Bas
, d'autres figures politiques que l'affreux, le menaçant Geert Wilders. Il existe même, vous ne rêvez pas, un mouvement écologiste. Il est dirigé par Jesse Klaver, 30 ans, père marocain, mère à moitié indonésienne. Et (je vous jure que je n'invente rien) c'est même le principal vainqueur des élections d'hier : il devrait passer de 4 à 16 sièges au parlement (Wilders, pour sa part, gagne 5 sièges, mais espérait nettement mieux).
C'est ballot, parce que ce parti est le seul dont les envoyés spéciaux français,à quelques exceptions près, n'avaient pas décelé l'existence. Au hasard, prenez le journal de Pujadas (vous savez bien, ce spécialiste de l'investigation, qui a gagné ses galons dans les bars de Sevran). Trois soirs durant, son envoyé spécial, Valéry Lerouge, a sillonné le royaume, pour tenter de répondre aux questions de son chef : "pourquoi le populisme est-il si haut dans ce pays prospère ? La question de l'identité a été au coeur de la campagne". Et le brave journaliste, parcourant les marchés (avec les bistrots, les marchés sont le terrain favori de l'investigation sur France 2) de tenter de répondre : "ils sont nombreux, à ressentir un ras le bol de l'immigration".
C'était fait, c'était plié. Pujadas, deux jours avant le vote (alors que Lerouge explique que Wilders "a perdu un peu de terrain ces derniers jours") : "si l'extrême-droite l'emporte, est-elle en mesure de gouverner le pays ?" Et la veille encore : "on s'attend à une poussée de Geert Wilders". Et Lerouge, docile, de commencer son reportage par l'image de Wilders sortant de l'isoloir : "tous les regards sont tournés vers Wilders aujourd'hui".
En fait de "poussée", donc, c'est une poussée de Groenlinks, parti de Klaver, que Libé décrit comme "europhile, opposé à l'évasion fiscale, favorable à l'accueil des réfugiés, au multiculturalisme, aux énergies renouvelables". Et opposé à l'austérité, ajoute, dans La Tribune, l'excellent Romaric Godin, le seul journaliste français à souligner aussi la déroute du parti de Jeroen Dijseelbloem, le président de l'Eurogroupe et, à ce titre, bourreau de la Grèce toutes ces dernières années, lequel passe de 38 à 9 sièges. Le temps pour France 2 de préparer pour ce soir un reportage sur Groenlinks, et ils pourront enfin consacrer leurs faibles forces à interroger les consommatrices régulières du Jockey club de Sevran. A ce propos, le patron de l'établissement était ce matin sur RMC chez Bourdin, pour annoncer sa décision de porter plainte contre France 2. Bourdin devrait certainement pouvoir communiquer son numéro de portable à ses confrères de France 2.
Amar Salhi, du Jockey club de Sevran, invité de Bourdin