Hollande, Gayet, et les Rafale : l'éloquente colère de Dominique Seux

Daniel Schneidermann - - Investigations - Le matinaute - 12 commentaires

Sombre matin. Dominique Seux est furieux, ce qui lui arrive rarement : un ex-président, tonne-t-il, ne devrait pas dire ça. Que se passe-t-il ? Il se passe que François Hollande a parlé à Mediapart. Mediapart a repris une information, révélée par notre site dès 2016 (et qui était tombée dans une certaine indifférence) : la société Reliance, choisie comme partenaire indien de Dassault Aviation pour la vente de 36 avions Rafale, en dépit de son absence totale d'expérience dans l'aéronautique (elle a été enregistrée douze jours avant l'annonce du contrat par Modi), a financé, à hauteur de 1,6 millions d'euros, un film produit par Julie Gayet, compagne de l'ex-président français. Le PDG de Reliance est un proche du Premier ministre indien Narendra Modi. Cette société a été préférée à une société publique indienne, associée à un précédent contrat, qui n'a jamais abouti. Bien évidemment, les mauvais esprits (et même les autres) ne peuvent s'empêcher de faire le rapprochement. Reliance a-t-elle souhaiter fêter, ou faciliter, la conclusion du contrat ?

Mediapart a donc interrogé Hollande sur cette troublante coïncidence. Hollande a nié être à l'origine du choix de Reliance, en reportant la responsabilité sur la partie indienne. Embrasement général de la presse indienne, et montée au créneau de l'opposition à Modi, dont le Parti du congrès de Rahul Gandhi. Alors ? Hollande ? Modi ? Dassault ? Il faut bien qu'une de ces trois parties ait choisi Reliance. Ou deux. Ou les trois. A moins que l'efficace intercesseur ne soit...Kev Adams, vedette du film en question, Tout là-haut, comme l'affirme sérieusement à Mediapart un associé de Reliance. Comptons sur nos confrères pour enquêter. 

Nos confrères indiens, bien entendu. Parce que la presse française se soucie de bien autre chose. Cette petite tempête risque-t-elle de faire capoter la vente des Rafale ? Voilà bien, même si le risque est minime, ce qui angoisse Dominique Seux, directeur délégué de la rédaction des Echos (groupe LVMH). L'investigation sur la corruption, ça va bien un peu, tant que ça ne menace pas le business. D'ailleurs, Le Figaro (groupe Dassault) l'a bien compris, qui ce lundi ne consacre pas un mot à l'affaire. Magnifique confraternité de l'Omerta.




Lire sur arretsurimages.net.