Grippe A : le vaccin, victime des médias ?

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 54 commentaires

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Quelle surprise ! Il paraît que les Français ne se bousculent pas pour se faire vacciner contre la grippe A.

Au micro de Demorand ce matin, sur France Inter, le professeur Pierre Carli, chef du SAMU de Paris, révélait que 90 % des personnels de son établissement, l'hôpital Necker, à Paris, ne s'étaient pas encore fait vacciner. Et le professeur de se plaindre : les effets secondaires éventuels du vaccin auraient été exagérés par lémédias, et la véritable dangerosité de la grippe, au contraire, sous-évaluée.

Nombre de lecteurs et télespectateurs des journaux et des jités auront sans doute une impression contraire. Dans l'immense majorité des sujets et des articles consacrés au vaccin, peu de place est faite à ses éventuels effets secondaires. Ils sont mentionnés en passant, sans que l'on s'y attarde. Les raisons de cette sous-médiatisation sont multiples, et apparaissaient clairement dans l'émission que nous avons consacrée au sujet à la rentrée, notamment avec le médecin "vaccino-sceptique" Marc Girard. Cette minoration n'a d'ailleurs pas que des mauvaises raisons. Informer sainement, sans lénifier ni affoler, sur les sujets de santé publique est une des tâches les plus difficiles pour la presse, pour ne pas dire impossible. Tout lecteur, tout auditeur, est un malade potentiel. Toute information reçue, qui pourrait concerner sa santé, est aussitôt polluée par les peurs et les fantasmes de la pauvre bête humaine.

Pour tout arranger, l'idée s'est largement répandue que tout informateur, sur ces sujets, est suspect. Ce soupçon est directement provoqué par l'opacité des liens financiers entre médecins et industrie pharmaceutique. Comment assainir l'info-santé ? Eh bien par une loi, par exemple. Tiens, le saviez-vous ? Elle existe déjà. Il existe une loi Kouchner (eh oui), votée en 2002, qui oblige tout médecin s'exprimant dans les médias à faire état publiquement de ses liens éventuels avec les labos. L'histoire édifiante de cette loi maudite, évidemment inappliquée, nous vous la racontions l'an dernier. Eût-elle été appliquée, elle aurait peut-être évité les éruptions périodiques de soupçon, comme celui qui s'est abattu récemment sur France Inter et l'un de ses consultants favoris, le professeur Lina, et que nous vous racontions ici. Chiche ?

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