Grande primaire de la gauche : les dessous des coulisses de l'idée

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 56 commentaires

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Cette phrase de Valls, devant l'Hypercacher :

"expliquer, c'est déjà vouloir un peu excuser". Et le surlendemain, clôturant cette semaine gluante, cette cérémonie sur une place de la République déserte, bouclée par la police, où, devant le Tout-Etat, le chanteur formolisé Johnny Hallyday, et les choeurs de l'Armée française, ont planté le dernier clou sur les cercueils de Cabu et Wolinski.

On n'ose conseiller à Manuel Valls de regarder notre dernière émission. Un romancier, un sociologue et deux journalistes s'y livrent au crime de tentative d'explication du basculement djihadiste. Circonstance aggravante, Monsieur le commissaire : cette tentative est opérée en bande pluridisciplinaire. En ouvrant, a-t-il semblé à beaucoup de nos abonnés, des pistes inattendues : "un être humain, c'est un être qui se raconte, qui passe son temps à se raconter avance par exemple le sociologue Raphaël Liogier. Et le point de basculement ? "C'est quand il y a une rupture dans la narration de soi. Plus on est fragile par rapport à cette narration, plus on est un post-adolescent qui n'a pas réussi à se construire, plus on peut glisser facilement". Liogier serait prochainement assigné à résidence, qu'on ne s'en étonnerait pas particulièrement.

Tournons la page, et entamons le feuilleton des prochaines semaines : "la grande primaire de la gauche", à laquelle appellent aujourd'hui, à la Une de Libé, quelques insoupçonnables acteurs de la "société civile". De toute la gauche, cela va de soi, écologistes et Front de gauche compris. Comme toutes les idées simples, celle-ci parait a priori irréfutable : une "grande primaire de la gauche", pour que le candidat qui en sera issu ait toutes les chances d'accéder au second tour de la présidentielle.

Dans la meilleure tradition, Libé sert à la fois l'idée (à la Une), et aussi (en pages intérieures) toutes les raisons pour lesquelles elle est impraticable, à commencer par celle-ci : Mélenchon ne s'y présentera pas si Hollande s'y présente. Duflot n'y ayant aucun intérêt non plus, seuls se déclarent partants quelques seconds couteaux (Cohn-Bendit, Hamon, Montebourg, Laurent), Hollande, lui, s'apprêtant manifestement à laisser planer le flou le plus longtemps possible.

Bref, un coup anti-Hollande ? Anti-Duflot ? Anti-Mélenchon ? Les trois à la fois ? Livrons l'hypothèse du matinaute : sous les apparences d'un (faux) coup anti-Hollande (ce serait une humiliation pour lui, il n'ira jamais), l'idée pourrait bien être un coup pro-Hollande (on va parler d'autre chose que du chômage, et à la fin, si personne n'y va, il ira tout de même), si elle n'était en réalité un (vrai) coup anti-Hollande (finalement, il n'ira jamais). Une chose est certaine : n'eût été la mort de David Bowie, venue en pleines matinales percuter les commentaires sur le sujet, c'était potentiellement un bon coup pour Libé, pour faire causer, y compris ici.

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