Gazons suspects : et Lucet vint !

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 42 commentaires

Une chose est certaine : il est temps maintenant d'inscrire l'existence d'Elise Lucet dans la Constitution. Un article très simple, qui pourrait être rédigé ainsi : "le pouvoir médiatique en France est assuré par Elise Lucet".

Prenez cette affaire, des granulats de pneus recyclés dans les terrains de foot, sujet du magazine Envoyé Spécial de jeudi soir. De nombreux Français en auront ainsi appris l'existence, ainsi que la dangerosité potentielle. Les données de base de ces paniques sanitaires émergentes sont connues. Un soupçon de dangerosité sur une substance chimique ou un matériau en contact avec le public. Des premières études qui peinent à démontrer un lien de causalité entre exposition à la substance, et une maladie, cancer ou leucémie. Ces mêmes études qui se bordent, en affirmant la nécessité d'informer le public, et de rapports complémentaires.  La chasse à la causalité est lancée, qui parfois va révéler d'authentiques scandales d'occultation de la dangerosité (l'amiante, voir notre émission) et parfois s'embourber dans des impasses scientifiques (le glyphosate, dans lequel de nombreuses études n'ont décelé aucun lien de causalité avec le cancer).

Et Elise Lucet, dans l'affaire ? J'y viens. Le soupçon sur les granulats de pneus recyclés des terrains de foot était déjà l'élément de base d'une enquête circonstanciée du magazine spécialisé So Foot, en novembre et décembre dernier. L'enquête tombe alors dans un profond trou noir. 

Deux mois plus tard, déboule Elise Lucet, avec ses images lucetiennes terrifiantes de billes noires qui volètent au moindre dribble. Il faut dire qu'au niveau images terrifiantes, Lucet et So Foot ne jouent pas dans la même catégorie. Regardez la pauvre photo de So Foot

Regardez maintenant la séquence équivalente de France 2

Parfaitement cadrée sur les billes noires, pour le coup.

Sans parler de l'inévitable industriel qui, poussé dans ses retranchements, s'énerve et tente d'occulter la caméra (séquence également tweetée par le magazine). 

Il est évidemment trop tôt pour prédire aujourd'hui l'avenir de cette nouvelle panique des gazons suspects. La seule certitude, c'est qu'à la veille de l'émission, le gouvernement a saisi en urgence l'ANSES. Dans la Constitution, on vous dit !



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