Gauche : on essaie la naïveté ?

Daniel Schneidermann - - Alternatives - Le matinaute - 238 commentaires

Dans le Titanic de la gauche, deux naufragés à la mer offrent leur gilet de sauvetage, contre une toute petite place dans un tout petit canot. Quelques heures après une interview à Libération où il n'y faisait aucune allusion, Arnaud Montebourg "offre sa candidature" à une candidature commune (faut-il vous l'emballer ?) En chemin pour La Rochelle, Anne Hidalgo descend à Poitiers pour regagner Paris, et le 20 Heures de TF1. Et là, à 20 h 23, après des sujets sur les chutes de neige dans les Pyrénées, les tarifs de Noël de la SNCF, ou une enquête sur l'eau du robinet, elle lance en quatre minutes chrono une primaire de la gauche, que refusent aussitôt Jadot, Mélenchon, et Roussel. Le matin même, sur France 2, elle claironnait le contraire.

Frisson.  L'éditocratie n'était pas dans la confidence. Même dans la maison TF1 : l'éditorialiste Renaud Pila y voyait une autre raison.

Demain, après-demain, viendront les enquêtes sur le fatal TGV Paris-La Rochelle, et ce qui s'y est dit, et à quel kilomètre. Était-ce à Vendôme-Villiers ? Était-ce à Saint-Pierre-des-Corps ? Sans être dans le secret, je pense qu'il y sera beaucoup question d'une certaine Christiane T. , ou de son ombre, qui tressaute ces jours-ci dans son hibernation.

J'ai souvent laissé transparaître, ici, mon aspiration profonde à une candidature unique de la gauche, au risque de me faire à chaque fois condamner, pour crime de naïveté politique, par nos chers abonnés insoumis. Mon petit cœur, hier soir, aurait donc logiquement dû palpiter d'espoir, ne serait-ce que quelques secondes. Désolé : électrocardiogramme plat. Pas si tard. Pas comme ça. Pas sous le coup d'une obscure révélation ferroviaire, qui pue le coup tordu et, pire, l'amateurisme. 

Pourtant, un "socle commun" de propositions existe bel et bien, oui, aujourd'hui, porté par une poignée de trentenaires à l'origine  de la "Primaire populaire", passés par l'Affaire du siècle et la convention citoyenne pour le climat de Macron, et qui claironnent aujourd'hui qu'ils désigneront un·e candidat·e, même malgré lui, ou malgré elle. Oui oui. Malgré lui, ou malgré elle. Riez tant que vous voudrez : au moins, cela présentera l'avantage d'éviter les débats fratricides. Découvrez-le, ce socle, il est ici. 

D'accord, ce "socle" est plein de trous sur les sujets qui fâchent (Europe, dette, laïcité, sécurité, immigration, nucléaire, et j'en passe). Et pour cause, tout sépare les gauches invitées à grimper sur le socle : la gauche discréditée par le hollandisme, ses lois travail et sa déchéance de nationalité, et la gauche aux mains propres, qui n'a jamais exercé le pouvoir, ou si peu. Chacun sait que la naïveté est stérile en politique : voyez donc la convention pour le climat, et ses suites. Oui, la naïveté est stérile. Mais tout le reste a déjà été essayé. Et ça marche mieux ?

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