Flynn, Fillon : erreurs et boules de neige
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 43 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Un mensonge, un beau, un vrai, un incontestable.
Au sens que je lui donnais hier. Et le retour de la presse américaine dans sa meilleure tradition, implacable avec les mensonges du pouvoir. Pourquoi et comment Michael Flynn a-t-il déjà été acculé à la démission de son poste de conseiller à la sécurité auprès de Trump ? Pas pour avoir, plusieurs semaines avant l'entrée en fonction de Trump, promis à l'ambassadeur russe à Washington, que des sanctions prises par Obama contre la Russie pourraient être allégées. Mais pour avoir menti à sa propre équipe, vice-président Pence en tête, en assurant que cette question des sanctions n'avait pas été abordée dans la conversation (malencontreusement enregistrée par le Renseignement américain) avec le diplomate russe. Et donc, avoir contraint Pence à mentir à son tour à la presse.
Il faut lire le rappel circonstancié, par le Washington Post, de toute l'affaire. En creux, on y lit l'ampleur des oppositions à Trump au sommet des services de renseignement US, dans la haute administration, ainsi que les dissensions internes dans l'équipe de la Maison Blanche. Autant de promesses, pour la presse, de bien d'autres victoires. Après que le journal de Jeff Bezos a été pris en flagrant délit 1) d'erreurs 2) d'intox 3) de mensonges (rayer les mentions inutiles) à deux reprises dans la période récente (ici et ici), la presse américaine remporte une victoire par KO, dans une affaire où se sera empêtrée l'équipe Trump depuis un mois. Disons que dans notre Décod@sidex personnel, le Washington Post repasse de l'orange à l'orange clair.
Accessoirement, se vérifie aussi la théorie bien connue de la "boule de neige des fautes". Si la faute initiale n'est pas rapidement circonscrite et réparée, elle agrège autour d'elle des fautes secondaires, qui finissent par former une monstrueuse boule de neige, impossible à arrêter. Ainsi par exemple, en France, de cette défense matinale, sur France Inter, de la première adjointe à la mairie de Bordeaux, Virginie Calmels, juppéïste ralliée à Fillon, à propos du montant des salaires de Penelope Fillon : "Ce n'est pas plus d'argent public dépensé. Que ça aille à Mme Fillon, ou que ça aille à Mme Dupont, attachée parlementaire, c'est la même somme". Magnifique trouvaille, qui promet de faire la journée de Twitter, et nous rapproche un peu plus de l'épilogue.