Deux hommes, une femme, et des corrections

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 31 commentaires

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A voir le gouvernement patauger depuis quelques jours dans sa réforme du Code du travail

, dite réforme El Khomri, qui s'attaque simultanément aux 35 Heures, aux prudhommes, au licenciement (et je ne cite pas tout), on pourrait croire qu'il n'avait pas anticipé l'étiquette "MEDEF" que l'on collerait sur le texte. Certains confrères le soulignent lourdement. Ce reproche serait injuste. Il y a une catégorie de medias que Manuel Valls a pensé à servir généreusement : les agences photo. En un seul déplacement en Alsace, en début de semaine, le trio Valls-Macron-El Khomri a approvisionné les banques d'images pour tous les rebondissements ultérieurs, et toutes les combinaisons imaginables pouvant survenir dans les prochaines semaines, le prochains mois, les prochaines années.

Un trio ministériel dans le même cadre, c'est un bonheur de photographe. A commencer, justement, par l'illustration de ce thème de la "communication catastrophique". Trouver une image ? Rien de plus facile. Cherchez-moi trois visages graves, limite maussades.

A l'inverse, s'agit-il de souligner que tout baigne dans le trio, et que Valls et Macron ne sont pas, mais alors pas du tout, en compétition pour l'oscar du briseur-des-tabous-vermoulus de la gauche ? Voilà.

Dans la même veine, faut-il illustrer un éloge de Macron par Valls ? Oeillade tendre et extase rêveuse, nous avons ce qu'il vous faut :

A l'inverse, faut-il illustrer la brutalité vallsienne, qui a forcé la main de El Khomri (et de Hollande) en rajoutant dans une interview de la ministre aux Echos une menace de faire passer en force, à l'Assemblée, une réforme qui divise jusqu'aux "poids lourds" du gouvernement ? Voici, et faites-moi bien le point sur le premier plan.

Soit dit en passant à propos de ce dernier épisode de l'interview de El Khomri dopée par Valls aux anabolisants : Dominique Seux, l'infiltré de LVMH à France Inter, empruntait ce matin le micro de la radio publique pour tenter de dégonfler l'affaire. En substance, il assurait que les corrections apportées par Hollande à cette interview de El Khomri étaient arrivées trop tard pour être intégrées au texte. Soit. Mais ce que Les Echos n'indiquaient pas à leurs lecteurs, dans ladite interview, c'est que la fameuse phrase "mais nous prendrons nos responsabilités" avait été rajoutée par Valls. Dans une correction, elle, parvenue à l'heure.

Ce n'est pas la première affaire d'interview accordée par un ministre, et amendée par Matignon avant publication. La pratique est traditionnelle. Au hasard, voici un précédent sous Sarkozy, d'interview expurgée (à noter que l'amendée, là aussi, était une femme. Décidément, impossible de les laisser seules deux minutes). Mais fut un temps, où certains responsables de rédactions avaient promis d'indiquer systématiquement si l'interview avait été relue, et éventuellement amendée, avant publication. Temps lointain. Au moins dispose-t-on maintenant des photos nécessaires à illustrer l'histoire. C'est une consolation.

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