De la barbe de Jaurès aux décolletés de Royal, un siècle de socialisme

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 31 commentaires

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Hollande chez Jaurès, à Carmaux. Hué évidemment.

Et Le Monde de se fendre d'un reportage soulignant les huées. Et le HuffPost, site associé au Monde, intégré au groupe Le Monde, pas loin du Monde, bref, machin refilé par Pigasse à Anne Sinclair, et le HuffPost, donc, de se fendre lui d'un cruel montage soulignant le fossé entre l'accueil enthousiaste réservé par Carmaux à Hollande lors de la campagne de 2012, et les huées de 2014. Ils sont quand même formidables. Toute l'année, nuit et jour et fêtes carillonnées, ils poussent Hollande à tuer dans l'oeuf toute initiative de gauche, toute tentation de laxisme ou de relâchement, ils le poussent à poursuivre impitoyablement la réduction des dépenses publiques, ils l'éperonnent au "courage", aux "réformes". Et quand Hollande vient se faire huer par les cocus de la gauche, les victimes de sa politique, les voilà qui zooment sur les huées, et multiplient les montages assassins. Si ce n'est pas de la pure perversité, les mots n'ont pas de sens.

Qu'espérait Hollande en allant tirer la barbe de Jaurès ? Etre accueilli sous les arcs de triomphe et les pétales de roses ? Est-ce encore une géniale trouvaille des spin doctors prêtés par Valls à l'Elysée ? Je vous en parlais hier, des spin doctors de Valls. Il faut dire qu'ils font fort, en ce moment, dans le spin comme dans le verrouillage. Deux exemples, empruntés à la vie du site. Dans la foulée des déclarations de Cazeneuve contre les cyber-dhijadistes français, nous essayons hier d'entrer en contact avec les cyber-policiers ou les cyber-gendarmes déjà affectés à la traque aux Merah de demain, histoire d'essayer de distinguer ce qu'il y aura vraiment de nouveau dans le plan Cazeneuve, de ce qui se pratique déjà. Réponse du service de presse du ministère : pas question. Le ministre ayant parlé, nous ne communiquons plus sur le sujet. C'est vrai : des fois qu'on risquerait de découvrir que les paroles ministérielles n'étaient pleines que de vide (ou pire encore).

Dans le même temps, par le biais du service de presse de la police, nous tentons d'entrer en contact avec le Sirasco, ce service de police peu connu, à l'origine des statistiques du rapport de "tendances" sur la délinquance par couleur de peau nationalité, repris dans la désormais immortelle infographie du Progrès de Lyon (ce sera le sujet de notre émission de la semaine). Réponse dudit service de presse : "le cabinet du ministre s'y oppose, sujet potentiellement polémique, ça chauffe un peu". L'éradication des couacs est en marche.

Ou presque. A l'heure où écrit le matinaute, ma Timeline Twitter (dite Titi, je vous l'ai déjà présentée) est soudain prise de frétillements incontrôlables pour un seul sujet : Ségolène Royal aurait interdit les décolletés au ministère de l'écologie. C'est un scoop d'Emmanuel Berretta, du Point (oui oui, pour les plus anciens, celui qui chantait chaque jour, dans le même journal, les louanges de Patrick de Carolis). Il parait même que les services d'icono de toute la presse sont en train de chercher des photos de Royal en décolleté. Allez, ne vous fatiguez pas, c'est la journée de la bonté, c'est cadeau.

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