Contre Hamon, une meute vermeille ?

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 90 commentaires

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Ca va trop vite. Une chasse chasse l'autre.

Voici ouverte, par BHL, dans une tribune de Libé, la chasse aux "quadras" du PS, ceux qui ne se satisfont pas des explications de Mitterrand. Le quadra-du-PS se chasse d'ailleurs en meute. BHL recopie textuellement dans Libé l'argumentaire anti-quadras développé par Jean-Marie Colombani dans Slate.fr, et que prononçait déjà le successeur de Colombani, Eric Fottorino, dans un édito du Monde dès vendredi. (le plaidoyer pour la carte vermeil en moins). Sus à Benoît Hamon, donc. Dans cette offensive, on attend avec impatience la contribution d'Alain Minc, qui tarde inexplicablement. Coincé dans un embouteillage ?

L'énervement général signale toujours que quelque chose d'important se joue. Reste à trouver quoi. Une ligne passe, mais quels contours épouse-t-elle ? Générationnels, vraiment ? C'est la thèse de Thomas Legrand, sur France Inter ce matin, (dans une chronique quasi-identique à celle qu'il a publiée dans Slate.fr). Les "quadras" seraient plus sensibles que leurs aînés au thème du viol, et peut-être du tourisme sexuel. Pourtant, ce sont les ainés, les sexas, qui ont introduit la cause des femmes dans le débat politique. Alors ?

Alors autre chose, peut-être. Et voilà le feuilleton "le peuple contre l'élite", qui repointe le bout de son nez. Internet, qui porte aussi loin la voix de l'internaute anonyme, que celle de BHL, ou de Colombani, porte structurellement une revendication passionnée à l'égalité et, en l'occurence, à l'égalité devant la Justice. Le Monde en a fait l'expérience dans l'affaire Polanski, comme le reconnaissait dans son billet de vendredi, la médiatrice Véronique Maurus en faisant très honnêtement (et exceptionnellement) l'autocritique du journal. Sans avoir pris aucune position explicitement, Le Monde avait laissé transparaître les premiers jours, à coups de titres orientés et de points de suspension tendancieux, un parti-pris Pro-Polanski. Quelques jours plus tard, une double page, en soulignant le rôle d'Internet, marqua un revirement tout aussi implicite.On ne pourra pas lui faire le même reproche, dans l'affaire Mitterrand qui, survenant dans la foulée de l'autre, a au moins le mérite de (commencer à) mettre à jour les enjeux souterrains.

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